''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
Auteur inconnu
 
''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}

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Aoi Haandar

l'Alouette aux ailes brisées

________________

Aoi Haandar
________________


Race : Séraphin aux ailes coupées
Classe : Guérisseur
Métier : Esclave fugitif, chanteur de rue
Croyances : Divinités de la Pluie et de l'Air
Groupe : Solitaire

Âge : 26 ans physiquement (une cinquantaine d'année en vérité)

Messages : 306


[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptyVen 7 Sep 2012 - 9:59

Je fermais doucement la porte, afin de ne pas déranger Leevo. Il devait certainement être fatigué. Enfin, moi je l’étais en tout cas. Je n’avais qu’une seule envie : aller me glisser dans mon lit, oublier tout ça et ne plus penser à rien.
Le pire de tout était sans nul doute le fait que je n’arrivais pas à saisir les vrais sentiments que j’éprouvais pour Leevo : est-ce que je le déteste ou est-ce que je l’aime… ?

Je ne savais plus ou j’en étais et ça m’énervait. Habituellement c’était simple ! Ou alors c’était la parfaite entente ou alors je zigouillais mes amants, mais avec lui tout était différent. La perception des choses, mes sentiments, mes principes, mes idéaux… tout changeait.
Et avec Kaai’to j’avais l’impression d’être en sécurité, qu’il serait toujours là pour m’épauler, qu’il est aussi là pour me raisonner… c’était compliqué tout ça… j’en avais la migraine à force.

Le fait est que tout simplement, je ne pouvais pas choisir pour le moment. Alors qu’ils arrêtent un peu de me mettre la pression pour le moment. Enfin soit, j’avais donc passé la journée à lambiner dans le manoir comme une âme en peine en nettoyant tout ce que je pouvais trouver et en rangeant tout ce qui n’était pas à sa place. Leevo me tournait autour, baissant quelque peu ses oreilles quand je ne prenais même pas la peine de lui jeter un regard. Je n’avais pas le cœur à ça, pas le cœur à lui sourire ou à lui parler ; il ne s’était toujours pas excusé.

Plusieurs jours passèrent ainsi, et il n’y eut plus rien à ranger bientôt dans la maison. Je m’étais alors emmitouflé dans une couverture, assis dans le fauteuil et j’avais passé mon temps à siffler des tasses de lait chaud au sucre et au miel. Le tout en me remémorant que j’avais tout gâcher entre Kaai’to et moi mais également entre Leevo et moi. Je n’étais qu’un sombre idiot…

J’entendis alors la démarche de Leevo qui arrivait au salon. Je soupirais avant de froncer mes sourcils, lui lança un regard mauvais rougi par les larmes.

- Tu es encore venu te moquer de moi ? Tu veux encore me payer pour mes services ? Je suis plus un prostitué ! Je fais plus ce genre de choses !

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Leevo

Invité

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________________



[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: Re: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptyDim 9 Sep 2012 - 0:25

Leevo Shellhorn

« Pauvre petit être... malade et damné dès la naissance. Incapable de penser, sans aucune âme à l'intérieur de ce corps. Je sais comment te soigner. Je sais comment t'aider. Fais-moi confiance, petit être ; suis-moi. L'unique Dieu de ce monde te regarde de toute Sa clairvoyance. Tu sais où il se trouve ? Il se tient à l'autre bout de la lame qui te fera dire autre chose que des miaulements stupides. »
Ervin Shellhorn à propos des maux qui fâchent.


***

Aoi n'allait pas bien et ce malgré les efforts de Dame Sillae pour lui faire entendre qu'il n'était pas coupable de la mort du commis ; ce n'était pas sa faute si le bougre avait bu dans la mauvaise bouteille : ça n'était pas comme si c'était lui qui lui avait servi la bouteille ou, pire encore, comme si c'était lui qui en avait empoisonné le contenu.
Grand nombre de personnes avaient tout intérêt à voir les avancées et les réussites d'Ervin Shellhorn en matière de magie expérimentale s'arrêter nettes et il était donc évident, au bout d'un moment, que l'un ou l'autre des cadeaux qu'il ait pu recevoir aient eu un petit bonus mortel, avait-elle expliqué.
De fait, ça n'était absolument pas la faute d'Aoi.
Ça n'était pas lui qui avait empoisonné la bouteille.

D'ailleurs, elle était au nom d'un certain Wooldney, lequel, jura la Dame, devrait répondre de sa tentative de meurtre. Mais Leevo l'en dissuada et se contenta d'ordonner que tous les cadeaux qu'avait reçu son défunt maître retrouvent leurs places dans son bureau, où ils y seraient condamnés jusqu'à ce qu'il en décide autrement.
Bureau qu'il, en outre, condamna lui aussi en balançant la clé dans le débarras sombre, sordide et surtout bordélique de la cave.
Quiconque chercherait à retrouver la clé dans ce débarras s'exposerait à une mort certaine : il y était entassé là-dedans plus d'objets tranchants, plus de fers rouillés et plus de coupelles encore pleines d'acide que de gros débris plein d'échardes et de piques.
Chercher à retrouver cette clé, c'était comme chercher à retrouver une aiguille dans une botte de morceaux de verre.

Mais Leevo savait très bien ce qui rendait Aoi malheureux, et ça n'avait rien à voir avec la mort du commis.
S'il était aussi malheureux, distant, triste, froid et tourmenté, c'était à cause du mage.
Oh ! Évidemment, Leevo ne savait rien de la dispute entre le séraphin et l'être aux cheveux bleus, ni rien non plus de ses souhaits de vengeance à son encontre ; il ne savait pas non plus que le séraphin lui en voulait parce qu'il avait osé lui payer la nuit et qu'il attendait de sa part des excuses.
Il ne savait rien de la réalité et des vraies choses qui le rendaient malheureux.
Mais il se faisait sa propre réalité sur ces choses ; il se faisait ses propres réponses quand Aoi ne lui parlait pas... et même quand il lui parlait.

Et s'il était dans cet état, c'était à cause de la magie.
Le soir après le banquet avec le clan elfique, le séraphin avait quitté le manoir pour retrouver le mage, comme à son habitude chaque soir de ce jour de la semaine, et puis il était finalement rentré, ici, auprès de lui.
Nul doute alors qu'il commençait à ouvrir les yeux sur l'emprise qu’exerçait le fourbe sur lui et que cela mettait à mal son âme ; la magie devenait une dépendance lorsqu'on y était trop longtemps soumis et dès lors qu'elle commençait à se consumer, on en souffrait inéluctablement.
On en souffrait lorsqu'elle s'en prenait à nous et on en souffrait lorsqu'elle se détachait de nous.

Leevo le savait, il était passé par-là, et ce soir-là, lorsqu'il rentra d'une nouvelle séance de châtiment avec son hérétique, les maux qu'il vit sur le visage d'Aoi lui rappelèrent les siens, au tout début, et ce bien malgré qu'ils perdurent encore : l'emprise de la magie sur lui n'avait pas de fin véritable.

Il était venu essuyer ses gantelets plein de sang devant le feu de cheminée, plus pour jeter un œil discret à l'état d'Aoi que pour réellement profiter de la chaleur de l'endroit.
Hélas ! à peine eut-il mis les pieds dans son propre salon que le séraphin l'accusa de venir se moquer de lui.
Il resta un instant hébété devant de telles accusations, lui qui pensait pourtant avoir été discret dans son jet d’œil en diagonale, et regarda le séraphin de haut en bas en fronçant les sourcils.

Toujours habillé de l'uniforme des Inquisiteurs et donc toujours dans le même état d'esprit vindicatif qui allait avec, il se surprit en train de s'interdire de lui faire remarquer qu'on enfermait des infidèles pour moins que ça.
Il se surprit à s'interdire de lui apprendre qu'il lui devait un respect total, qu'il se devait de tenir un autre ton avec un inquisiteur... et que, ce soir, il avait coupé la langue de son infidèle pour moins que ça.
Au lieu de ça, il continua simplement à s'essuyer les mains en silence, les yeux rivés sur son chiffon.


- Je sais, dit-il finalement avant de lui lancer un nouveau regard en trait.
Il jeta ensuite son bout de tissu aux flammes et s'appuya aux pierres de la cheminée, sur laquelle il reporta toute son attention.


- J'ai été stupide. Je n'avais pas compris. Mais maintenant, je sais que tu ne l'as pas fait pour l'or et je sais pourquoi tu l'as fait.

Leevo ne parlait bien entendu pas d'amour ; il ne parlait pas non plus du fait qu'il ait toujours pu avoir de l'importance aux yeux d'Aoi, ou du moins, assez d'importance pour se retrouver sous le même drap que lui.
Il parlait bien entendu de la magie qui l'y avait poussé et qui avait abusé de lui au point de le pousser à faire ça, mais il prit soin de ne pas lui en faire part et de rester flou : les esclaves de la magie n'aimaient pas qu'on leur ouvre les yeux sur leur état.

Il s'adossa totalement à la pierre pour lui faire face.
Ses yeux tombèrent tout seuls sur la tasse qu'il tenait entre ses mains.

- Je sais aussi que tu es malheureux et tourmenté. Et je sais aussi pourquoi. Il baissa la tête, comme un peu gêné par la situation. On dirait que j'ai appris plus de choses ces derniers jours que pendant tous ces mois où tu étais-ici, à t'embêter avec tes livres et tes fiches... Il esquissa un sourire fugitif avant de s'avancer vers lui, de s'accroupir à ses pieds et de poser une mains sur son genou. Tu t'en souviens, toi aussi, n'est-ce pas ? Tout n'allait pas si mal, à cette époque. Tu n'allais pas si mal, à cette époque. Il resserra sa prise sur lui. Tu te souviens de ce que je t'ai dit, un soir, lorsque nous étions pareil que maintenant, lorsque tu allais mal, je t'ai dit que tu n'avais qu'à me demander et je m'exécuterai, peu importe les conséquences. Je t'ai dis que tu pouvais me demander n'importe quoi et que je le ferai. Il le regarda avec la même intensité que ce soir-là, le soir où Aoi avait retrouvé Günar. Ce soir-là tu m'as dit d'attendre, et tu t'es fait embarqué. Je t'ai retrouvé encore plus mal, blessé et terrifié... Il tendit la main pour lui prendre sa tasse et la poser au pied du fauteuil. Il ne faisait plus du tout attention à ce que le visage d'Aoi affichait. Je ne pourrai jamais oublier ton visage ce jour-là, ni non plus celui de l'homme qui t'avait fait ça, qui t'avait rendu comme ça.

Leevo regardait maintenant la tasse qu'il venait de poser et se taisait.
Il semblait perdu dans ces souvenirs horribles ; souvenirs du jour où il avait arraché le cœur de celui qui avait osé violer, maltraiter et plus encore son ami.
Son unique ami, à l'époque.

Il ne le regardait toujours pas lorsqu'il rouvrit la bouche pour reprendre :


- Je... je n'ai jamais aimé te voir autrement qu'un sourire aux lèvres et content. Je n'ai jamais supporté ça et, pourtant... depuis que tu es revenu... j'ai l'impression que chaque jour qui passe renforce un peu plus ton mal-être. J'ai parfois l'impression que tu n'es plus celui que j'ai rencontré il y a longtemps. J'ai l'impression qu'il est toujours parti, qu'il est toujours quelque part sur les routes, loin... Il redressa la tête et la tourna vers lui, de même que ses yeux. Je sais que lorsque tu n'es pas le Aoi heureux que j'ai rencontré, c'est que tu souffres.

Cette fois-ci, Leevo se leva et planta sur lui un regard inflexible. Même s'il n'avait pas appris à paraître grand malgré sa petite taille d'elfe, il y parvint ce soir-là.

- Et tu n'es pas cet Aoi que j'aime voir, en ce moment. Je sais pourquoi, et ce n'est pas à cause de tes ailes, malgré le fait que je pense toujours tout ce que j'ai pu dire à leur sujet.

Il fit le tour du siège pour passer sa main au-dessus de l'une de ses ailes. Il la posa finalement sur un os après un moment d'hésitation et se mit à observer son plumage ; il n'était plus aussi blanc ni aussi vigoureux qu'avant, il ne suscitait plus chez lui les mêmes craintes.
Ce n'était plus elles le vrai problème d'Aoi : c'était le mage.
Il restait tout de même vigilant à leur sujet.

Et pour faire preuve à Aoi de sa bonne – mauvaise – foi, il se força à caresser doucement et délicatement le duvet sous sa main.

- Cette fois-ci, je ne te dirai pas que tu peux me demander de faire n'importe quoi pour t'aider à aller mieux et à soigner ton mal. Cette fois-ci, je n'attendrai pas que tu me le demandes... Je ne veux pas attendre que tu souffres plus encore pour agir. J'ai souffert autant que toi aujourd'hui. Et bien plus longtemps. Tu ne le crois peut-être pas, mais c'est vrai. Et j'ai eu le temps d'apprendre comment guérir ce mal. On m'a montré comment penser clairement dans toute cette souffrance.

Il continua à caresser le duvet et se perdit une nouvelle fois dans ses propres paroles. Il ne parlait toujours pas de la souffrance provoquée par l'amour, bien qu'elle ait aussi existé après le départ d'Aoi – et après son retour, aussi.
Il parlait d'une souffrance bien plus vieille et bien plus longue : la souffrance de l'âme enfermée dans le corps et la souffrance magique.
Mais encore une fois, il prit soin de rester mystérieux.


- Je peux te montrer aussi. Je peux t'aider aussi. Je veux t'aider. Je veux que tu me laisses t'aider, cette fois, dit-il d'une voix moins enraillée et en cessant soudain de lui caresser les plumes. Il fit quelques pas en arrière pour le regarder d'un air sûr et décidé. Je sais comment t'aider. Fais-moi confiance, Aoi ; suis-moi.

Il lui tendit la main et attendit qu'il la prenne... ou ne la prenne pas.


Dernière édition par Leevo Shellhorn le Ven 14 Sep 2012 - 22:23, édité 1 fois
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Aoi Haandar

l'Alouette aux ailes brisées

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Aoi Haandar
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Race : Séraphin aux ailes coupées
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[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: Re: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptyDim 9 Sep 2012 - 12:11

- J'ai été stupide. Je n'avais pas compris. Mais maintenant, je sais que tu ne l'as pas fait pour l'or et je sais pourquoi tu l'as fait.

Je ne le crus pas tout de suite. Il était réellement en train de me faire des excuses pour son comportement déplorable –et presqu’mortel- de l’autre fois ? Il avait enfin compris ce qui m’avait rendu aussi malade ces derniers temps ? Ce qui m’avait vexé ? C’était… trop étrange. Je reniflais bruyamment avant de me moucher dans un mouchoir de soie. Il se tourna enfin vers moi, alors que je reprenais une nouvelle gorgée de lait chaud, alors qu’il fixait la tasse avec intensité. Quoi, il en voulait ? C’est pas le moment.

- Je sais aussi que tu es malheureux et tourmenté. Et je sais aussi pourquoi. On dirait que j'ai appris plus de choses ces derniers jours que pendant tous ces mois où tu étais-ici, à t'embêter avec tes livres et tes fiches...

Je haussais un sourcil, avant de le voir s’agenouiller en face de moi. Une de ses mains griffues se posa délicatement sur mon genou. C’était… un geste doux qu’il avait à mon égard. Et j’avoue que la chaleur de ses mains m’avait manquée. Peut-être ce contact me détendit quelque peu.

- Tu t'en souviens, toi aussi, n'est-ce pas ? Tout n'allait pas si mal, à cette époque. Tu n'allais pas si mal, à cette époque.

Je déglutis difficilement, la boule enserrant ma gorge venait de grossir, un peu. Lui aussi regrettait l’époque où tout allait bien entre nous deux. L’époque où nous nous contentions de lire, de se promener et de roucouler comme un petit couple. Bien sur à l’époque je ne pouvais quasiment pas sortir et je restais alors au manoir ; ça avait changé depuis. J’avais une roulotte, Gunar n’était plus là, j’avais été affranchi, je n’avais plus rien à craindre.

- Tu te souviens de ce que je t'ai dit, un soir, lorsque nous étions pareil que maintenant, lorsque tu allais mal, je t'ai dit que tu n'avais qu'à me demander et je m'exécuterai, peu importe les conséquences. Je t'ai dis que tu pouvais me demander n'importe quoi et que je le ferai.

Je haussais d’avantage les sourcils, étonné par ce qu’il venait de m’annoncer. Il avait peut-être compris que je m’étais disputé avec Kaai’to ? Il voulait aller lui régler son compte ? Il… se trompait. Tout était de ma faute, je n’avais rien à reprocher à Kaai’. Mais son regard semblait si… vivant. Ce n’était pas le regard sans vie qu’il offrait habituellement aux autres. Et j’en fus flatté, je l’avoue.

- Ce soir-là tu m'as dit d'attendre, et tu t'es fait embarqué. Je t'ai retrouvé encore plus mal, blessé et terrifié...

Ses mains griffues demandèrent la permission d’enlever cette tasse de malheur qui n’avait arrêté de se remplir et de se vider pour la poser à terre. Il ne la quitta pourtant pas des yeux.


- Je... je n'ai jamais aimé te voir autrement qu'un sourire aux lèvres et content. Je n'ai jamais supporté ça et, pourtant... depuis que tu es revenu... j'ai l'impression que chaque jour qui passe renforce un peu plus ton mal-être. J'ai parfois l'impression que tu n'es plus celui que j'ai rencontré il y a longtemps. J'ai l'impression qu'il est toujours parti, qu'il est toujours quelque part sur les routes, loin... Je sais que lorsque tu n'es pas le Aoi heureux que j'ai rencontré, c'est que tu souffres.

Je soupirais. C’était peut-être vrai après tout. Le seul moment où j’ai pu être le Aoi heureux que j’étais auparavant ce fut lorsque nous nous sommes rapprochés. Rapprocher au point de coucher ensemble, à nouveau. Et ces moments doux et sans soucis me paraissaient lointain… pourtant, je n’arrivais plus vraiment à lui en vouloir. Leevo était vraiment quelqu’un de special ; la seule personne à qui je n’arrivais pas à lui en vouloir réellement et la seule que je n’ai pas réussi à tuer après sa trahison.

- Et tu n'es pas cet Aoi que j'aime voir, en ce moment. Je sais pourquoi, et ce n'est pas à cause de tes ailes, malgré le fait que je pense toujours tout ce que j'ai pu dire à leur sujet.

Mes yeux semblèrent se détacher de leurs orbites alors que je restais sans voix face à cette révélation. Pardon ? Mes ailes ne sont pas le soucis dans le fait que je ne sois plus le « Aoi d’avant » ? On venait de faire un énorme pas en avant, à cet instant, et ce en quelques secondes seulement. Il alla même jusqu’à aller en caresser le duvet, chose qu’il n’aurait jamais fait auparavant, mes plumes le dégoûtant beaucoup trop pour qu’il s’en approche. Et ce contact, aussi délicat et léger soit-il, me détendit d’avantage. C’était… plus qu’agréable.

- Cette fois-ci, je ne te dirai pas que tu peux me demander de faire n'importe quoi pour t'aider à aller mieux et à soigner ton mal. Cette fois-ci, je n'attendrai pas que tu me le demandes... Je ne veux pas attendre que tu souffres plus encore pour agir. J'ai souffert autant que toi aujourd'hui. Et bien plus longtemps. Tu ne le crois peut-être pas, mais c'est vrai. Et j'ai eu le temps d'apprendre comment guérir ce mal. On m'a montré comment penser clairement dans toute cette souffrance. Je peux te montrer aussi. Je peux t'aider aussi. Je veux t'aider. Je veux que tu me laisses t'aider, cette fois.

Il se plaça alors face à moi, planta ses prunelles de nouveau vivantes dans les miennes. Elles étaient décidées, sûres d’elles. Et il n’en démoderait pas cette fois.

- Je sais comment t'aider. Fais-moi confiance, Aoi ; suis-moi.


Il tendit sa main vers moi. Il voulait m’aider, et se donnait toutes les chances pour y arriver. Mais il n’arriverait jamais à réparer les pots que j’avais cassé et ce n’était d’ailleurs pas à lui de le faire ; j’étais le seul responsable. Mais… il aurait été plus qu’impoli de refuser cette main tendue vers moi alors que je n’attendais que ça.
Je la saisis donc délicatement, abandonnant ma couverture de laine derrière moi. Il sourit en voyant que je m’étais décidé à le suivre et entama le pas. Il marchait doucement, de manière à s’assurer que je le suivais bien. J’aimais beaucoup… être à côté de lui. Mais ça, je ne le lui avouerais pas. Pas avant un bon moment, en tout cas. Je ne faisais même pas attention à la direction que nous prenions.

Je réfléchissais à tout ce qu’il y avait à faire pour reconstruire ce que j’avais détruit : je savais par exemple que j’aurais à être beaucoup plus attentif à Leevo. Il ne réagissait pas comme tout le monde, j’avais à lui expliquer les choses clairement et à lui parler souvent. Peut-être alors que tout irait mieux. Moins me plaindre aussi. Après tout, j’aurais pu trouver un employeur beaucoup moins sympathique que Leevo. Dans le genre « interessé » par ses serviteurs par exemple. Ce n’était pas son cas. Et je savais aussi… qu’il fallait que je fasse un choix et que je n’y arriverais pas. J’avais trop peur d’être à nouveau seul.

Leevo toussota, pour me faire sortir des tréfonds de ma pensée et passa sa main devant mes yeux. Je lui souris, amer, avant de comprendre où il m’avait emmené : il faisait sombre, ça empestait le sang… C’était la salle où il assistait à ses réunions de l’inquisition.

Ohoh.

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Leevo

Invité

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[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: Re: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptyDim 9 Sep 2012 - 16:47

Devant eux se dressaient les grands murs gris et sales du siège de l'inquisition, à peine éclairé par quelques torches plantées çà et là et, en son centre, au milieu des grandes poutres massives et des chandeliers à pieds éteints, il y avait le grand et encore plus sale autel de la libération, plongé sous un drap d'ombre, qui faisait autant office d'écritoire que de lieu de rassemblement, autant office de bureau que de socle aux supplices.
Il y avait sur cette pierre autant de traces de sang que de symboles sur le pourtour et autant de symboles qu'il y avait eu de sacrifices en ce lieu.

C'était un lieu qui dégageait énormément de choses – surtout énormément d'entrailles et d'organes pour quiconque n'avait pas à y mettre les pieds – et qui n'inspirait que la crainte, la peur, l'angoisse et l'envie soudaine de se retrouver très, très loin.

Leevo regarda Aoi sortir de son trouble et lui rendit son sourire.
Il était ravi que le séraphin ait accepté de prendre sa main et de le laisser l'aider ; il avait un instant craint que le pauvre ne soit pas assez conscient du mal qui l'entourait et qu'il refuse toute sorte de soutient.
Mais ça n'avait pas été le cas.
Il avait pris sa main sans dire un mot, sans chercher à savoir.

Satisfait de la situation, l'elfe s'avança dans la grandeur de la pièce pour prendre place au bout de l'autel.


- Je suis souvent venu ici, dit-il d'une voix qui résonna, prenant alors des sonorités mystiques. Pas seulement en tant qu'inquisiteur. J'y suis venu avant que tu ne partes, lorsque tu es parti et encore lorsque tu es revenu...

Il lui intima de prendre place à l'autre bout de l'autel avant de se diriger vers une armoire au fond de la salle, laquelle ouvrit-il sans s'arrêter de parler.

- … j'y suis venu plus de fois que nécessaire lorsque je ne savais plus quoi faire ou même quoi penser de toi. J'y suis venu lorsque je ne me sentais plus capable de réfléchir correctement et lorsque j'avais l'impression que tout ce que je faisais, qu'importe ce que je faisais, ne menait à rien de bien...

Il sortit de l'armoire une longue allumette qu'il craqua pour ensuite aller embraser chacune des bougies des cinq chandeliers présents autour de l'autel.
Très vite, la lumière envahit plus fortement la salle et, avec elle, les pans d'ombres immenses glissèrent dans les coins, découvrant l'autel et sa pierre morne de son habit de noirceur.

Leevo se tenait droit dans le rayonnement des diverses flammes ; jamais il n'avait donné l'impression de se tenir aussi droit, jamais il n'avait donné l'impression d'être aussi sûr de lui : s'il y avait bien quelque chose dans quoi il pouvait être sûr de s'y connaître, s'il y avait bien quelque chose dans quoi on pouvait être de sûr de lui faire confiance, c'était bien les rîtes de l'inquisition et, bien sûr, la magie.
Aoi souffrait à cause d'elle, le Dieu des Songes allait l'aider à se libérer de sa souffrance.

Lorsqu'il eut fini de répandre la lumière partout, il revint vers Aoi et posa une main sur son épaule pour lui souffler de ne pas avoir peur ; il lui chuchota qu'il ne risquait rien en ce lieu malgré son aspect sordide et puant.
Il lui murmura qu'il ne pourrait rien lui arriver de pire que ce qu'il avait déjà vécu...

Puis il repartit en direction de l'armoire de laquelle il sortit un curieux orfèvre, cette fois-ci, qu'il vint poser sur l'autel.
Il s'agissait d'une roue toute de bois faite, avec une espèce de manche en son centre qui permettait de la faire tourner.
Il y avait aussi une curieuse fléchette sur son bord, laquelle pointait vers l'intérieur où y étaient gravées de multiples cases aux inscriptions bizarres.

- … Et je suis venu ici, souvent, pour tourner cette roue et remettre ma vie, ma conscience et mes actes entre les mains de Dieu, dit-il en le regardant. Je sais que tu ne crois pas en le même Dieu que moi et je sais aussi que nos pratiques et nos croyances te font peur. Sache pourtant que mon Dieu est aussi clairvoyant que le tien, si ce n'est plus, et que malgré les horreurs que tu t'imagines qu'Il perpétue, Il m'a aidé à rester auprès de toi et à voir où était le bien et où était le mal.

Il se pencha au-dessus de la roue et planta plus vaillamment ses yeux dans ceux d'Aoi. Ils donnaient l'impression de briller du même feu que les bougies éparses.

- Et nous avons été heureux, tout ce temps, chaque fois que je suis venu tourner cette roue. J'ai su quoi faire, j'ai su quoi penser de toi lorsque le Destin nous emmenait des problèmes et des malheurs, j'ai su où aller et j'ai su comment me relever lorsque tu es parti... J'ai su t’accueillir lorsque tu es revenu.

Leevo se redressa et regarda la roue avec intensité.
Il s'agissait de la Roue de la Libération, saint objet créé par les inquisiteurs eux-mêmes, et auquel on incombait la volonté même de Dieu.
La flèche ne faisait pas qu'indiquer des cases griffonnées au bon vouloir du hasard : elle se faisait main du divin qui désignait grâce à elle sentences, punitions, solutions, récompenses et bien d'autres choses toutes spécialement méritées par celui qui la tournait.
Ses désignations étaient irrévocables et une fois lancée, la roue ne pouvait être ni arrêtée ni relancée, qu'importe les conséquences sur la vie du lanceur.

Aoi avait déjà vu cette roue à l’œuvre, il y a longtemps ; Leevo l'avait alors invité à observer ce qui se faisait lors des réunions de l'inquisition et ce qui lui en était resté avait à jamais scellé son avis sur l'Ordre : c'était des fous, des fanatiques qui trouvaient leur bonheur et leur piété dans le sang et les horreurs.
Mais la roue avec bien changé depuis ; les cases n'indiquaient plus les mêmes supplices.
Évidemment, ce n'était pas Dieu qui en avait changé les mots, il était bien trop occupé à se faire passé pour absent aux yeux de ses fervents défenseurs ; c'était les inquisiteurs qui s'occupaient eux-mêmes de changer les ordres et les gages des cases, selon leur bon vouloir tout droit voué à l'écoute des ordres qu'ils recevaient du divin.

Si bien qu'aujourd'hui on ne se retrouvait plus béni par l'obligation de manger des fœtus d'oie presque arrivés à terme ni par celle de devoir s'arracher les cils avec une épingle chauffée à blanc, par exemple.
Il y avait d'autres nouvelles bénédictions, à présent, toutes aussi sales et purgatives, toutes aussi indicatrices de sang, de douleurs et de pieuses extases que les précédentes et parmi toutes une nouvelle case, toute blanche, sur laquelle il n'y avait rien de gravé avait fait son apparition.
C'était la pire de toutes.

Leevo espéra que Dieu ne la désigne par pour guérir Aoi de son mal, car ça voudrait dire qu'il n'y avait aucun moyen de le soigner.
Ça voudrait dire qu'il était trop tard pour lui venir en aide et que rien, même pas une goutte de sang, ne servirait à le libérer de sa souffrance mentale.
Et il se refusait à le croire.

Il releva la tête vers le séraphin qui avait l'air pris dans les tourments de l’appréhension. Il semblait douter à présent d'avoir bien fait de suivre l'elfe dans cette cave, mais Leevo tenta de le rassurer en lui disant qu'il était lui aussi passé par-là et, qu'aujourd'hui, il ne s'en portait que mieux.

Leurs situations n'étaient hélas pas totalement les mêmes : Aoi souffrait à cause de l'emprise de la magie et il fallait l'en libérer ; Leevo, lui, souffrait aussi de l'emprise de la magie, mais elle lui avait été faite pour le libérer de celle du corps et lui permettre de penser ; ça n'avait pas empêché son maître de chercher des réponses auprès de la Roue de la Libération afin de savoir si, oui ou non, il devait continuer son entreprise.
Ça n'empêcherait pas Leevo de chercher des réponses auprès de la Roue de la Libération afin de trouver quel remède il fallait à Aoi pour arrêter la magie qui prenait ses pensées et le rendait aussi... vide.

Il lui dit aussi qu'il ne risquait rien et que Dieu, même pour ses non-croyants, savait montrer le chemin de la libération.
Et puis il poussa la roue vers lui et lui intima de la tourner.

Et le séraphin la fit tourner.

La Roue de la Libération tourna, tourna et tourna encore ; elle sembla prendre plus de vitesse que celle sur laquelle elle était lancée, à un tel point qu'on ne voyait plus aucune des cases ni aucun des détails de la calligraphie intérieure.
On ne voyait plus que les rainures du bois comme un seul trait, un seul cercle noir qui tournait, tournait, tournait indéfiniment...

… avant de ralentir...

… et de ralentir encore...

… pour s'arrêter doucement...

… et se figer totalement.

La flèche désignait une seule case bien précise.
Elle en pointait précisément le milieu, preuve que Dieu avait fait son choix depuis longtemps.

Leevo avisa la décision du divin d'un hochement de tête avant de tourner les talons et de disparaître dans un retranchement éloigné.
On l'entendit ouvrir des battants métalliques, déplacer quelques objets, et puis il revint avec un curieux entrelacs de lanières de cuirs et de bouts de métaux bizarres entre les mains.

La roue avait désigné la case : « Parrey-vous du Carcan Acquablanc de Maux jusqu'à la semeysne prochèsne ».
Et c'est ledit Carcan Accablant de Maux que Leevo tendit à Aoi ; une espèce de masque fait de lanières de cuirs qui scindaient le visage et qui était affublé d'un collier auquel était supplantée une fourche, à deux piques acérées de chaque côté, qui venait trouver place dans des trous qu'elle perçait sous le menton et dans la gorge, obligeant sinon son porteur à garder la tête haute.

S'il s'agissait d'une sentence adéquate et suffisante pour aider Aoi à retrouver ses esprits, Leevo n'en savait rien.
Le fait était que si Dieu, dans Sa toute clairvoyance l'avait désigné, c'était qu'elle était forcément la solution ; nul doute alors qu'en passant une semaine avec le nez pointé vers le plafond et la gorge sanglante de part en part, l'affreuse magie qui le possédait irait se trouver un autre esprit à occuper : le sien serait bien trop pris par la souffrance de sa nuque.

Il présenta la bride de cuir au séraphin et le regarda avec les mêmes yeux profonds, la même intensité pleine d'assurance que tout à l'heure.
Un regard qui n'était plus du tout aussi encourageant qu'auparavant.


- Tu ne souffriras plus d'aucun mal, lui souffla-t-il alors. Fais-moi confiance.
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Aoi Haandar

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[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: Re: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptyDim 9 Sep 2012 - 17:51

Leevo n’avait eu de cesse que de me rassurer.
Comment peut-on être rassuré dans cette salle morbide et puante ?

Il s’était montré gentil, rassurant, oui peut-être. Mais la dernière fois que je m’étais rendu à cet endroit, ces … fous s’était amusés à se torturer entre eux. Ils avaient eu des discours plus qu’incompréhensibles et incohérents, ils s’étaient agenouillés face à cet autel sanglant comme si de rien n’était. Je m’en souvenais très bien d’ailleurs, c’est suite à cette réunion que je me suis mis en tête d’apprendre à lire l’heure à Leevo.

Bref, cet endroit ne me disait rien qui vaille. Et je n’avais pas du tout envie d’y rester plus longtemps. Je voulais juste retourner dans mon fauteuil et terminer ma tasse de lait chaud en me lamentant sur ma vie pitoyable et ma stupidité pathétique. Mais Leevo ne semblait pas du même avis, vu qu’il venait d’allumer toutes les bougies.

Il revint à mes côtés pour me murmurer que je ne risquais rien, que j’étais en sécurité ici. Que même si cela semblait effrayant, il fallait que je lui fasse confiance.
Et bien lui faire confiance… j’avais de plus en plus de mal à le faire. Cet endroit sordide me fichait la chair de poule. Et le fait qu’il sortie cet infâme objet qu’était cette roue maléfique n’arrangea pas les choses.

C’était la roue avec laquelle ils s’amusaient à se faire du mal, lors de leurs réunions. Pourtant, elle sembla quelque peu différente. Il y avait une case blanche, sur cette roue, qui n’était pas là avant. Peut-être que c’était bon signe. Après tout je suis censé être un être pur et mes ailes sont blanches non ? Si je tombe sur celle là, il n’y aurait aucun problème, j’en suis certain. Puis, je suis pas non plus forcé de faire ce qu’elle indique non ? Donc plus vite j’aurais jouer à cet engin de malheur, plus vite nous partirons d’ici.


- … Et je suis venu ici, souvent, pour tourner cette roue et remettre ma vie, ma conscience et mes actes entre les mains de Dieu. Je sais que tu ne crois pas en le même Dieu que moi et je sais aussi que nos pratiques et nos croyances te font peur. Sache pourtant que mon Dieu est aussi clairvoyant que le tien, si ce n'est plus, et que malgré les horreurs que tu t'imagines qu'Il perpétue, Il m'a aidé à rester auprès de toi et à voir où était le bien et où était le mal.

Je fixais la roue, peu sur de moi. J’osais enfin alors redresser mon regard vers le sien. Il était… incandescent. Sur qu’il ne me laisserait pas partir d’ici tant que je n’aurais pas au moins fait l’effort de tourner… cette chose. Et se voulut d’ailleurs beaucoup plus insistant :


- Et nous avons été heureux, tout ce temps, chaque fois que je suis venu tourner cette roue. J'ai su quoi faire, j'ai su quoi penser de toi lorsque le Destin nous emmenait des problèmes et des malheurs, j'ai su où aller et j'ai su comment me relever lorsque tu es parti... J'ai su t’accueillir lorsque tu es revenu.

Ah si il mettait en avant le fait qu’on ait été heureux, je n’avais même plus le courage de lui refuser. Après tout, il ne voulait que m’aider. J’inspirais alors à fond et, sous le regard de Leevo, me décidait à faire tourner l’objet de bois. Mais un doute assaillit mon esprit, alors que mon regard était perdu dans les couleurs mornes de leur objet sacré. Et si Leevo me forçait à faire ce qui y était inscrit ? … Non, il voulait m’aider, il ne ferait rien de tel, j’en suis sur… ou peut-être que si ?

La roue s’arrêta enfin. Et Leevo se contenta d’aller dans le fond de la salle, me laissant sans explication devant les inscriptions illisibles que désignait la flèche. J’entendis quelques bruits étranges, peu rassuré par la situation : qu’est-ce qu’il faisait là bas ? Il cherchait quelque chose ? Quoi exactement ? Il ne revint que quelques instants plus tard, avec un étrange objet entre les mains.

L’objet en question semblait être fait de cuir et de métal. Et il ne m’inspira pas confiance. Ce fut pire quand il me montra de quoi il s’agissait. Une sorte de masque de cuir, horrible, avec un collier sur lequel était accroché une sorte de fourche, aux extrémités particulièrement luisantes et pointes… Il voulait que je mette cette chose ? Il voulait me voir affublé de ce masque aussi rabaissant qu’il était horrible ? Je suis certain que même Gunar ne réservait pas un châtiment aussi dément à ses esclaves les plus récalcitrants.
Mais l’elfe ne s’arrêta pas là, évidemment ;


- Tu ne souffriras plus d'aucun mal. Fais-moi confiance.


Lui faire confiance ? Lui faire confiance ?! Avec ce qu’il avait entre les mains, il voulait que je lui fasse confiance ?! Il m’avait proposé son aide et je l’avais acceptée. Je pensais qu’il allait me faire des excuses, m’inviter à sortir prendre l’air avec lui, me réconforter de manière normale. Mais non. Cet idiot m’avait amené ici et me présentait maintenant un objet qu’on aurait pu trouver dans la collection d’un sadique fétichiste.
Il avait à nouveau brisé toutes les illusions qu’il avait lui-même créées pour faire de moi sa marionnette. Il voulait faire ce qu’il voulait de moi, me manipuler aussi bien qu’on manipule une poupée de chiffon. Il aimait me voir dans cet état, j’en étais certain.

Il m’avait humilié en me faisant travailler comme un chien.
Il m’avait humilié en me payant après cette nuit là.
Il m’humiliait maintenant en voulant me faire porter cette chose.
Il aimait ça. Il ne valait pas mieux que tous les autres fous que j’ai pu rencontrer.
Mon regard s’était braqué sur lui, polaire, alors qu’il proposait de me montrer comment le mettre et comment me tenir avec. Je reculais, alors qu’il tentait de l’attacher autour de mon cou.

- Non.


Il sembla étonné de me voir parler, alors que j’étais resté sans voix depuis notre arrivée ici. Je n’en démordis pas, furieux de me voir ainsi rabaissé et trompé. J’en venais même à regretter d’avoir raté mon coup et de lui avoir offert une seconde chance. Chance qu’il ne méritait absolument pas, apparemment.

- Ca te plait ce genre de choses, n’est-ce pas ? Ca te plait de me voir déprimé, de me voir souffrir ; tu aimes ça, n’est ce pas ?


Il entrouvrit la bouche, prêt à dire quelque chose, mais je le coupais avant qu’il n’ait le temps de laisser échapper une seule syllabe de ses lèvres.

- J’ai été un esclave ! Des colliers j’en ai porté pendant des années. On m’a violé, frappé, affamé, torturé… et toi tu t’amuses à me trouver de nouveaux colliers, de nouvelles chaînes et de nouvelles douleurs ! Ca t’amuse n’est-ce pas ?! En fait tu t’en fiche, tu n’as pas du tout envie de m’aider ! Je ne suis qu’un jouet à tes yeux !


J’aurais voulu m’arrêter là, mais il fallait que tout sorte, malheureusement. J’étais loin de me douter de l’impact que ça aurait, je l’avoue… L’elfe posa son ustensile de torture sur l’autel avant de poser ses mains sur mes épaules. Ma main fut plus rapide que mon esprit et elle décida d’aller donner une bonne gifle sur la joue de l’Inquisiteur, y laissant une marque rouge.

- Ne me touche pas ! NE M’APPROCHE PLUS ! Tu… Tu es comme Gunar et tous les autres ! Tu te dis ne pas être un maître, mais tu agis comme tel ! Tu agis comme si j’étais ton esclave, ton jouet ! Je te hais ! Tu entends ?! JE TE HAIS !

Bien sur, une fois que le choc serait passé, je me dirais que ce n’est pas sa faute, que ça partait d’un bon geste. Que c’était moi qui étais idiot d’avoir tourné la roue, j’aurais dû m’attendre à ce genre de chose de la part d’un objet de l’Inquisition et de la fidélité de Leevo à son Dieu. Bien entendu, je me serais alors excusé auprès de lui et j’aurais cherché à me faire pardonné.
Mais pour cela, il aurait fallu attendre quelques heures, le temps que je me calme. Voyez-vous, ce genre d’objets pour sadiques expérimentés, j’en avais déjà croisé dans ma vie ; certains de mes maîtres avaient des goûts particuliers. Et voir Leevo me présenter cette chose avec tant de détachement m’avait… choqué. Je n’avais pas pu le voir autrement que comme l’un de ces monstres.

Malheureusement, pour l’heure je m’étais contenter de fuir jusqu’au manoir, montant les escaliers quatre à quatre jusqu’au salon, où je m’étais effondré en pleurs suite à cette nouvelle déception. Et, tout aussi malheureusement, j’étais bien trop absorbé par ma tristesse pour faire attention aux lumières menaçantes qui serpentaient sur les murs, prêtes à me réserver un funeste destin.
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Leevo

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[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: Re: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptyDim 9 Sep 2012 - 20:00

Aoi n'était visiblement pas prêt à recevoir l'aide nécessaire.
Voilà ce qu'aurait pu conclure Leevo de son comportement, de ses mots et de la claque qu'il lui donna tandis que le séraphin se dirigeait vers la porte de sortie.

Mais Leevo n'était déjà plus capable de réfléchir.

Il avait laissé retomber ses bras le long de son corps et avait porté une de ses mains de métal à sa joue meurtrie.
Elle était chaude et rouge.
Elle lui semblait brûlante et incandescente.

On lui avait déjà mis des claques de la sorte ; son maître lui en avait mis, plusieurs, plein de fois, ici, dans la cave de l'inquisition, et partout ailleurs dès lors que c'était nécessaire.
On lui avait déjà mis des claques exactement pareilles que celle-là.
On l'avait déjà touché exactement de la même façon.

Il avait les yeux rivés sur la silhouette d'Aoi qui partait et ne réalisait déjà plus rien de ce qui se passait autour ; la magie à combattre, le masque, la roue, l'autel, les bougies, la cave... tout avait disparu d'un coup de son champ de vision ; tout était devenu profondément sombre, sans couleur, noir...

… comme l'intérieur de sa tête.
Il n'y avait déjà plus un seul soupçon d'intelligence, plus aucune bribe d'humanité, plus rien de sa conscience lorsqu'il descendit ses doigts griffus le long de son menton, lorsqu'il les enfonça dans les tranchées magiques qui s'y trouvaient...

… et qui brillaient d'une lueur irréelle, mélange de grenat et de bleu azur.
Des faisceaux de lumière bordaient les creux de ces sillons, comme les rayons du soleil, et donnaient l'impression de sortir, de jaillir directement de l'intérieur de son corps ; ils irradiaient totalement sous ses doigts et partout ailleurs où ses tatouages se tenaient.
Chacune des lignes discontinues sur sa peau brillaient intensément, décrochaient les couleurs des murs et des flammes alentours, décrochaient les silhouettes des poutres, des chandeliers et des ombres, décrochaient la réalité du monde.

Il n'y avait plus de réalité.
Il n'y avait plus de monde.
Il n'y avait que de la magie et l'envie irrésistible d'informer toute trace de vie d'un comportement à éviter avec les chats.

Et il y en avait une, justement, trace de vie, là-bas devant, qui s'en allait et disparaissait maintenant derrière un pan de mur.
Il ne fallait pas qu'elle disparaisse !
Non !
Il fallait qu'il lui dise !

« Ne marchez pas sur la queue du chat ! »
Il fallait qu'elle sache !
« Ne marchez pas sur la queue du chat ! »
Il ne fallait pas qu'elle marche.

Leevo avait toujours les yeux rivés sur l'endroit où la silhouette d'Aoi avait disparu.
Il soupira bruyamment avant de laisser retomber sa main et de se mettre en marche.

On vit clairement l'air qu'il expira sortir de sa bouche ; il ne sortait pas uniquement de là, d'ailleurs : il sortait de partout, comme une traînée de fumée qui s'échappait d'un corps brûlant, comme une brume de glace abandonnée par les plus grands pôles, abandonnée par sa peau et ses stries qui atteignaient tantôt les températures les plus hautes, tantôt creusaient les plus froides, sans se soucier jamais des intermédiaires et des étapes qui allaient au milieu.

Il brûlait, cautérisait, saignait, glaçait et saignait, brûlait, glaçait, cautérisait sa propre chair sans se soucier de l'ordre logique dans tout ça.
Il n'y avait plus de logique.

Et cette brume qui se dégageait de lui, emprunte de magie, sans logique, sans couleur propre, cette brume dans laquelle toutes les couleurs de l'atmosphère se battirent pour s'asseoir, s'imprimait, s'ancrait partout et semblait prendre la forme des mots qu'il se mit à répéter sans cesse :
« Ne marchez pas sur la queue du chat ! ».

Le monde entier, aux yeux de Leevo, semblait se battre autour de lui, duel de formes indéfinies et de tâches de couleurs mélangées qui cherchaient à retrouver appui dans la réalité.
Mais il n'y avait plus de réalité.

Il n'y avait que lui.

Il rejoignit la porte de chêne qui menait à son manoir et où Aoi, unique vie dans les parages, avait disparu.
La porte sembla se raidir devant ses yeux tandis qu'il la dépassait et s'avançait déjà dans les escaliers, brillant bien plus que ne pouvait briller n'importe quelle torche, n'importe quelle flamme, n'importe quel espoir dans l'obscurité.
Tout n'était plus qu'obscurité.

Toutes les bougies, tous les lumignons, toutes les flammes et tous les espoirs s'étaient éteints sur son passage : il n'y avait que lui.
Et l'avertissement qu'il devait faire savoir.

« Ne marchez pas sur la queue du chat ! ».

Il rejoignit bien vite le salon sans se soucier, sans voir autre chose que la silhouette après laquelle il courrait ; il ne vit pas que les ombres se dressaient sur son passage ni non plus que toutes les lumières rendaient leur dernier souffle.
Il ne vit que la tâche humaine étendue sur le sol, qui laissait échapper des petits bruits cristallins en agitant les épaules.
Mais elle ne devait pas faire ça !
Elle devait savoir !

« Ne marchez pas sur la queue du chat ! »

Alors il s'approcha d'elle et avec une force insoupçonnable et irrémédiablement magique, il lui empoigna l'aile, mêla ses doigts de métal aux plumes, faisant fi des os fragiles qui se trouvaient-là, et projeta la tâche humaine en arrière dans une violence inouïe, afin de l'avertir :

- Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! (...)

Quelques plumes voletèrent dans l'incandescence de son souffle ininterrompu ; mais voilà que la tâche sans couleur définie en face lui se fixait un instant...

… et chercha à s'enfuir l'autre.

Alors il l'avertit une nouvelle fois, il scanda encore son avertissement dans un seul et unique souffle, si rapide que ce qui semblait être la fin d'une première phrase venait parfaitement s'accoler au début d'une seconde...

Et puis il bondit en avant dans un éclair de magie, pour rattraper sa tâche sans couleur par un bout duveteux ; il l'attira vers le sol avec une aisance toute simple, comme s'il n'avait s'agit que d'une feuille, ou d'un vulgaire bout de tissu qui ne pesait rien, et lui lacéra le sommet du dos d'un coup de patte dans l'autre sens.

Une fois la dernière trace de vie en total déséquilibre devant lui, et sans lui laisser le temps de réagir, il plaqua l'une de ses mains brûlantes de froid sur ce qu'il estima, sur le moment, être sa place toute désignée, comme pour une poignée de porte, et lui empoigna le cou de toute sa force et de toute celle que lui apportait la magie alentour.
Il souleva alors sa tâche informe bien au-dessus du sol et plongea sur elle un regard parfaitement vide de toute chose, parfaitement noir, parfaitement magique.


- Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! (…) lui redit-il alors, avant de porter une main à la lame qui lui brûlait la cuisse et qui lui sembla, sur le moment, toute indiquée pour s'assurer que cette petite trace de vie ait bien entendu ce qu'il disait.

Hélas ! le temps qu'il pose sa main sur le manche de son coutelas, l'être avait disparu de l'intérieur de ses doigts sans qu'il ne se rende compte de rien, sans qu'il ne sente rien des coups qu'il lui donna.

Et il regarda le monde sans forme autour de lui, il regarda au travers des couleurs qui s’échappaient des meubles telles des colonnes de fumées, qui se mélangeaient et se rentraient dedans pour reprendre place dans une réalité qui n'existait pas.
Il n'existait plus de réalité.
Il n'existait que lui.
Et la dernière trace de vie, là-bas, qui se tenait tout à côté de ce qui était une poutre mais qui ne ressemblait qu'à une ligne qui serpentait pour lui.
Il devait l'avertir !
Il devait lui dire !

« Ne marchez pas sur la queue du chat ! »

Il dégaina son coutelas d'un coup, les yeux braqués sur la toute dernière trace de vie, sur la toute dernière tâche humaine de ce monde qui n'existait plus et, sans se soucier des petites plumes pourpres qui s'étaient coincées entre les rainures de son gantelet vermeil, il s'avança, sans se soucier non plus que, bientôt, tout bientôt, les couleurs et les formes qui habitaient son monde et qui cherchaient à reprendre part dans la réalité n'existeraient plus du tout.
Tout ne serait que noirceur.


- Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! Ne marchez pas sur la queue du chat ! (...)


Dernière édition par Leevo Shellhorn le Ven 14 Sep 2012 - 22:54, édité 1 fois
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Aoi Haandar

l'Alouette aux ailes brisées

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Aoi Haandar
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Race : Séraphin aux ailes coupées
Classe : Guérisseur
Métier : Esclave fugitif, chanteur de rue
Croyances : Divinités de la Pluie et de l'Air
Groupe : Solitaire

Âge : 26 ans physiquement (une cinquantaine d'année en vérité)

Messages : 306


[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: Re: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptyMar 11 Sep 2012 - 17:13

Je ne l’avais pas senti arriver derrière moi. Mais je sentis très bien ses griffes de métal se renfermer sur mon plumage, sans douceur aucune ; un craquement sonore se fit entendre, l’un des os ayant cédé sous la poigne phénoménale de Leevo. Craquement étouffé par un hurlement de douleur qui s’échappa tout seul de ma gorge.
Il me tira en arrière, cherchant à attirer mon attention, déboîtant alors avec une force monstre l’aile qu’il tenait entre ses doigts griffus. Je percutais un pant de mur, n’arrangeant pas ma blessure, alors que quelques plumes retombaient calmement sur le sol. Ce ne fut qu’alors que je compris que je n’avais plus affaire au Leevo que je connaissais mais bel et bien au monstre qui se cachait en lui.

Je l’avais vu déjà plusieurs fois dans cet état. Les personnes qu’il prenait alors pour cible connaissaient un bien funeste destin. Mais cette fois-ci était différente : sa cible, c’est moi.
Il répéta inlassablement sa phrase, quelque chose à voir avec une queue de chat. J’avoue que je n’y avais pas prêté beaucoup d’attention, bien trop occupé à chercher un moyen de fuir et de sauver ma vie.

J’avais tenté une esquive par la porte de la salle. Si je passais par la maison qu’il m’avait montrée la première fois que nous nous sommes rencontrés, je pourrais peut-être le semer dans la foule extérieure le temps qu’il se calme. Si tant est qu’il se calme, évidemment. A mon grand damne, ça n’avait pas l’air d’être dans ses projets. Je le compris bien alors que ses griffes se plantèrent dans le haut de mon dos, profondément, avant de glisser rapidement, traçant des sillons sanglants dans ma peau et déchirant mes chairs. J’avais hurler ma longueur jusqu’à ce que ses ongles de métal quittent mon dos et bien encore après. Sa main se resserrant sur ma gorge m’interrompit dans mes gémissements.

Il me souleva du sol si bien que mes pieds ne touchèrent plus le plancher, ne me tenant que par la gorge. Je tentais de récupérer un peu d’air en prenant appuis sur son poing, cherchant ainsi à desserrer son emprise sur mon cou. Ce fut malheureusement l’effet inverse parce que ses doigts se lièrent autour de ma nuque, y planta les griffes sans aucune réticence. Il n’était plus lui-même… et je commençais sérieusement à manquer d’oxygène, alors que de petits points blancs se baladaient devant mes yeux.

Ce ne fut que lorsque je me rendis compte qu’il avait sorti son coutelas que je réagis, envoyant mon pied dans son ventre, sous les côtes. Son réflexe fut d’écarter les doigts, me laissant lourdement tomber au sol ; ne me restait alors qu’à fuir en espérant qu’il ne me rattrape pas. Ce fut mal le connaître, le bougre étant déjà debout, prêt à attaquer, alors que moi je fuyais à quatre pattes, trop faible que pour reprendre mes esprits et courir. Il psalmodiait, répétait, crachait inlassablement cette phrase à propos de chats… Mon dos percuta une large poutre qui tenait celles du plafond qui avaient jadis pour rôle de tenir un lustre. Le bois de la maison était humide, je n’avais plus qu’à sortir ma dernière carte…

Alors que l’elfe dégainait son coutelas et se jetait sur moi, je psalmodiais à mon tour quelques phrases biscornues, rapidement, d’un seul souffle, afin de geler l’humidité du bois massif qui constituait les poutres. Un lourd craquement se fit entendre au dessus de nous, avant que toute la structure ne s’écroule sur nos têtes. Je fus bien vite enseveli sous les décombres, espérant m’en tirer sans égratignures. Pourtant, mes espoirs furent vite détruits lorsqu’une douleur fulgurante se répandit dans tout mon flanc droit et que ma bouche s’emplit bien vite du goût du sang. Un second morceau de bois m’empêcha de hurler ma douleur, me frappant le sommet du crâne ; je tombais à moitié conscient, au sol, dans la noirceur des débris qui me recouvraient.

« Je suis un idiot » fut tout ce qui me vint à l’esprit à ce moment là.

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Leevo

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[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: Re: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptySam 15 Sep 2012 - 20:32

Les craquements se rependirent sur toute la longueur des poutres, sur toute leurs largeurs, si bien que tout ne fut plus qu'une succession de craquements lugubres...

… qui n'eurent guère le temps de prévenir la chute de la structure du toit et son effondrement.

Une grande partie du faîte céda et s'effondra dans un vacarme sourd, révélant la nuit et ses étoiles à l'intérieur du manoir, faisant taire les avertissements entêtés, enveloppant de poussière et de débris les volutes de magie.

Le poids de la réalité du monde venait de reprendre ses droits et ils étaient faits de bois, de pierres et de débris.

Les dernières lueurs vives sur la peau de Leevo s'éteignirent bientôt parmi les gravats sous lesquels il reposait, lui aussi, inconscient et inerte.
Il n'avait rien pressentit quant au fait que le toit lui tombe sur la tête, tout simplement parce que sa réalité à lui, sur le moment, ne prenait pas en compte l'existence des toits, des poutres et de toutes ces bricoles inutiles qui sautillaient, serpentaient et s'agitaient en des formes aux multiples couleurs indéfinies.
Mais elles ne sautillaient ni ne serpentaient plus à présent.

C'était le prix à payer pour quiconque usait de magie : elle savait vous donner tout ce que vous désiriez, elle savait détacher et disjoindre les réalités et ses carcans, et, une fois tous les caprices calmés, elle s'évanouissait et laissait retomber sur les épaules de son client le lourd résultat de ses opérations.

Aoi et Leevo avaient usé de magie ce soir et ils se retrouvaient à présent tout deux pris sous les gravats et les divers nuages de poussières, dans le silence et l'obscurité la plus totale.

Car il n'y avait plus de magie, alors.
Il n'y avait que poussières, débris et monceaux de poutres et de pierres.
Il n'y avait plus de magie : il n'y avait que la réalité de ce monde.
Et sa logique implacable.

***

L'inquisiteur Malveigne avait tout entendu, non seulement parce qu'il était maître de la porte la plus proche de celle du manoir Shellhorn, mais aussi et surtout parce qu'il aimait descendre à la cave de l'Inquisition, connue pour être l'emplacement exact de la convergence de tous les échos de toutes les pensées libres, pour s'adonner à quelques plaisirs encouragés par Dieu et, sans doute, approuvés par sa soif narcissique et hebdomadaire de reconnaissance et de pouvoir.

Mais ce soir-là, il n'était pas descendu à la cave de l'Inquisition pour s'amuser à s'imaginer seul à la tête de l'Inquisition, en train de dominer ses confrères sur des plans de philosophies religieuses et sur des méthodes de réflexologie avancée, non.
Il y était certes descendu dans ce projet-là, mais lorsqu'il trouva une allumette pour rallumer les multiples Guides au travers des Barreaux et qu'il vit la Roue de la Libération abandonnée au milieu de l'autel ainsi que le Carcan Accablant de Maux sans personne pour le porter, il remit ses plans à plus tard et entreprit de prier, histoire de se garder loin de la fureur des prochains jours : les souhaits du Dieu des Songes de voir quelqu'un affublé du Carcan n'avaient pas été respectés et cela promettait un bien funeste destin pour ceux qui avaient osé s'amuser à Lui demander Son avis sans en prendre compte par la suite.

Mais la fureur avait déjà éclaté et il était trop tard pour les prières.

Il était pourtant encore en train de signer son corps lorsque les premiers cris de terreur et de douleur avaient retenti au loin et lorsqu'un chat, ventre à terre, déboula dans la cave la queue entre les pattes par la porte des Shellhorn.
Il n'eut guère que le temps de hausser un sourcil, alors, avant que les bruits lointains de l'effondrement du toit ne se fassent entendre et ne résonnent en un grand fracas terrible dans la salle de la convergence de tous les échos du Monde.


***

Les paupières de Leevo tressautèrent plusieurs fois ; ses narines se remplirent de poussières et il toussa avant d'ouvrir enfin les yeux.
Tout n'était que pénombre et entassement de formes diverses dans un brouillard total et condensé.
Tout n'était que dureté et douleur lorsqu'il reprit conscience de son environnement, de son corps et du monde...

… qui lui sembla s'être écrasé sur lui.

Pourtant, il s'en était bien mieux sorti que son compagnon disparu sous les couches et les surcouches de bois du faîte et duquel on ne voyait plus qu'un bout d'aile grisâtre, déplumée et sale dépasser du tas général de débris.

Si Leevo se trouvait si chanceux, c'était grâce à sa magie qui lui avait permis de supporter le poids des plus gros morceaux du toit qui avaient choisi de lui tomber dessus, avant de disparaître et de lui rendre sa faiblesse ordinaire ainsi que toute sa conscience, laquelle l'abandonna aussi sitôt que les tonnes au-dessus de sa tête l’ensevelirent presque.

La majorité des plus gros dégâts causés par l'effondrement avaient été amoindri, même si à présent il n'était plus obsédé par l'idée d'avertir la dernière trace de vie de ce monde d'un comportement à éviter envers les chats.
Il n'était d'ailleurs plus obsédé par rien et ne se souvenait même pas des événements antérieurs qui l'avaient emmené à se retrouver-là, écrasé par les monceaux supérieurs de la maison où il avait toujours vécu.

Il ferma plusieurs fois les yeux le temps de faire une mise au point et, lorsque ce fut chose faite, il vit une lueur rougeoyante au loin, danser dans les volutes de l'obscurité et s'approcher de lui.

Dès lors qu'il prit conscience qu'il était couché, il essaya tant bien que mal de se relever et constata alors que l'expression « le ciel nous tombe sur la tête » pouvait être plus lourde de poids que de sens et que les pointes d'aciers rouillés n'étaient pas forcément les matériaux les plus douloureux du monde.

Il était toujours pris entre deux gravats et coincé sous un pan de bois brut lorsqu'il abandonna tout espoir de s'en dégager et lorsque le flambeau, qu'il ne voyait plus qu'en espèce de rayonnement lumineux tout proche, visiblement supplanté à des jambes, elles-mêmes supplantées à des pieds qui vinrent marcher sur un bout de duvet plein de plumes parmi les éclats de pierres, vint s'arrêter tout près de lui et lécher son visage et la partie de son bras libre d'une douce chaleur rassurante.

Il sentit la lueur et la chaleur se rapprocher encore pour finalement laisser découvrir le visage de l'Inquisiteur Malveigne qui venait de s'accroupir, tenant serré contre-lui le chat de la maison Shellhorn, aux oreilles couchées et aux yeux ronds luisants sous les flammes.


***

- Qu'est-ce qui m'a pris ? Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Mais... mais... qu'est-ce qui vous a pris, à vous ?! Pourquoi vous avez tourné la Roue – Dieu nous libère, saint objet parmi les crevasses –, qu'est-ce qui vous a pris de ne pas écouter les conseils du divin ?!

L'Inquisiteur Malveigne faisait les cents pas dans la petite largeur du salon qui n'était pas ensevelie sous les gravats et tentait désespérément d'allumer sa cigarette, tenant toujours le chat serré contre lui, comme une espèce de peluche protectrice.
Il avait sortit Leevo de sa prison de bois et de débris et regrettait visiblement son geste à présent.

L'elfe, de son côté, était appuyé à un meuble et fixait le sol d'un air vide.
Il essayait de se souvenir.
Il oubliait quelque-chose d'important.
Il devait se souvenir.


- C'est vous qui l'avait tourné, n'est-ce pas ? C'est vous ! Et vous savez qu'il faut L'écouter ! Regardez ce qui est arrivé ! Regardez ! Et ce n'est que le début ! La suite sera pire ! Et je serai puni aussi ! Puni de vous avoir aidé ! Il va m'ôter tout espoir de libération par vôtre faute ! Et cette allumette qui ne veut pas s'allumer ! MERDE !

Le pauvre bougre jeta son mégot au sol et cessa soudain de s'agiter.
Son front brillait de sueur à la lueur de la torche et des chandeliers rallumés.
Il craignait réellement pour sa peau : la religion avait été sa seule chance d'échapper à un mariage forcé avec sa cousine ainsi qu'au travail de la ferme familiale et, jusqu'à aujourd'hui, il s'y était entendu pour rester discret et s'écarter des Étaux Suprêmes de la Condamnation Éternelle, courroux divin suprême parmi tous les courroux divins suprêmes possibles.

Il ne pouvait pas imaginer une seule seconde se retrouver damné pour l'éternité à cause de cet inconscient d'elfe qui n'était pas fichu de mettre un collier et de s'enfoncer une pique dans la gorge.
Il regrettait amèrement de l'avoir sorti des décombres et...


- Il faut que vous y retourniez ! Retournez là-dessous ! De suite ! Dit-il en s'avançant vers l'elfe avant de s'arrêter net, de réaliser qu'il n'avait pas décoché un mot et que son regard vide fixait ses mains d'acier pleines de sang et de plumes. Qu'est-ce qu'il y a ? 'me dites pas vous êtes déjà damné ! 'me dites pas que la sentence est déjà tombée ! 'me dites pas que vous êtes déjà abruti par l'absurdité et l'incapacité de penser ! S'il vous plaît ! 'me dites pas qu'Il vous a déjà rendu stupide !

- Aoi, souffla enfin Leevo en se redressant. C'est Aoi, il est dessous !

Se remémorant soudain l'existence de son serviteur et pauvre camarade maltraité par la magie, il accourut jusqu'aux monceaux de pierres et de bois et entreprit de débarrasser le tas des quelques morceaux les moins lourds.
Son corps lui criait des douleurs dans tous les coins possibles et la fatigue le tiraillait de toute part mais, plus il jetait de tuiles et de cailloux derrière lui, plus il se souvenait des détails de la soirée.

Il se souvint avoir emmené Aoi dans la cave de l'Inquisition et lui avoir fait tourner la roue, dernier événement que sa mémoire lui permit de revoir, mais il voyait aussi ses mains pleines de rouge séché et de duvet coincé dans les rainures s'agiter devant lui, ce qui lui laissait croire qu'il s'était passé bien d'autres choses après ça.
Et il s'efforçait encore de s'en souvenir lorsqu'il aperçut le bout d'aile abîmée qui dépassait de l'autre côté de l'amas.

Il se précipita alors dessus, s'étala par terre et commença à chercher le corps et le visage si familiers qui allaient au bout.

Malheureusement, et bien malgré la qualité de ses pupilles elfiques, il ne trouva rien d'autre que de la noirceur, du bois et de la pierre ; rien d'autre que du gris et du marron, rien, même pas un petit bout de peau qui aurait pu lui permettre d'avaler la drôle d'angoisse qui le prenait soudain.

Il entreprit alors de déblayer ce coin-là ; il tira sur les morceaux de poutres qui se trouvaient au-dessus de l'aile et qui masquaient – espérait-il – tout du corps d'Aoi.

Hélas ! il eut beau s'échiner et s’essouffler, ses efforts furent vains car rien ne bougea : il n'avait plus de force, il n'était qu'un être chétif et incapable lorsque la magie ne lui venait pas en aide ; il n'était plus rien face à la lourdeur de la réalité du monde, plus rien face à un ridicule bout de bois qui pesait bien plus que le double de son poids.


- Qu'est-ce que vous faites ? S'inquiéta l'Inquisiteur en s'approchant, sa torche en main, le chat toujours sous le coude.

Leevo ne lui accorda aucune importance, aux prises avec sa poutre.


- Aoi est là-dessous ! Aidez-moi à l'en sortir !

Malveigne eut un mouvement de recul et agita la tête pour se défendre devant une telle idée.

- Non, jamais de la vie ! Non, j'ai pas envie d'aggraver ma situation !

Leevo se releva alors tant bien que mal et empoigna le col de sa robe.
Il avait un air fou et désespéré, les oreilles basses et ses yeux luisaient parmi les tâches de poussière avec l'air de qui est capable de tout pour obtenir ce qu'il veut.

Il n'eut pas le temps de lui susurrer de menaces afin de le convaincre, cependant : le chat que son vis-à-vis tenait jusque-là contre lui se défit de son entrave et s'éloigna pour bondir sur le monticule qu'il se mit à renifler farouchement.

Les deux inquisiteurs le regardèrent faire sous la lueur de la flamme agitée par le vent du trou béant dans le toit et, dans un silence palpable où l'on pouvait presque entendre les inspirations du félin, Leevo lâcha son confrère et le poussa pour rejoindre l'animal.


- Qu'est-ce qu'il fait ? Qu'est-ce qui se passe ?

L'elfe s'efforça de monter sur les débris et plongea ses yeux dans le petit espacement sur lequel le nez du chat s'était attardé.

- La torche, dit-il. Vite.

L'Inquisiteur Malveigne s'exécuta et l'elfe la brandit au-dessus du trou, ce qui lui permit, enfin, de faire la lumière sur une petite partie du visage du séraphin.

Il ne sut trop, alors, quelle espèce d'émotions le prit lorsqu'il le vit ; ce fut un mélange de bonheur et de peur immense, et ses cicatrices se mirent alors à clignoter en rythme avec son souffle court et désespéré.

Malveigne recula devant ce phénomène étrange et hésita à prendre ses jambes à son cou.
Il avait assisté à beaucoup des expositions d'Ervin et n'avait jamais très bien compris si ces brillances présageaient quelque-chose de bien ou quelque-chose de mal.
Le fait est que, dans les deux cas, il était à peu près sûr que du sang allait couler.
La question était de savoir à qui il appartiendrait.


- Il est-là. Juste-là, dit Leevo d'une voix presque tremblante, à personne en particulier, avant de jeter sa torche et d'attraper quelques morceaux de pierres pour les jeter, eux aussi.

L'Inquisiteur le regarda alors entreprendre de déblayer les décombres, petit à petit.
Il le vit s'y reprendre à plusieurs fois pour soulever une poutre ; il le vit chercher un moyen de l'écarter du petit corps inerte, recouvert de poussière qui, petit à petit, réapparaissait parmi les ombres et les formes noires du toit effondré.

Bientôt, tout bientôt, il le vit extirper ce corps des décombres ; un corps habillé de poussières, d’ecchymoses, de sang...

… et d'ailes.


***

- Qu'est-ce que c'est ?

Leevo avait dégagé la grande majorité des décombres qui recouvraient Aoi, ainsi que ceux qui bloquaient ses membres, ailes comprises.
Il avait essayé de le relever, de lui trouver une position moins inconfortable et était même allé jusqu'à lui tenir la tête en espérant que ça puisse le faire réagir.

Mais le séraphin ne répondait à rien.
Il ne souriait même pas lorsqu'il lui remettait les mèches en place.


- C'est quoi ce... monstre ?

Leevo redressa la tête d'un coup et fustigea Malveigne du regard.

- C'est pas un monstre, espèce de... de... Il laissa au silence le loisir de finir sa phrase et préféra reporter toute son attention sur le visage inexpressif du séraphin.

Malgré la poussière que Leevo avait tenté d'enlever de son visage et les ecchymoses diverses, il avait l'air calme.
Affreusement calme.
Aussi calme que lorsqu'il dormait.
A ceci près qu'il avait les yeux ouverts.
Et qu'il ne donnait pas l'impression de vouloir se réveiller un jour.


- ...C'est Aoi, souffla-t-il après avoir remis une nouvelle fois l'une de ses mèches de cheveux en place et avoir passé une de ses mains devant ses yeux, en désespoir de cause.

- Et... qu'est-ce que c'est ? Répéta l'Inquisiteur qui se tenait à l'écart et qui ne pouvait pas s'empêcher de regarder les ailes figées qui encadraient de parts et d'autre le corps du séraphin.

L'elfe secoua un peu les épaules de son ami qu'il tenait entre ses bras, l'encouragea doucement à se réveiller, à sortir de ses rêves profonds et mystérieux dans lesquels Leevo avait toujours eu peur qu'il se perde à jamais.
Mais le corps dans son entreinte se contenta de se laisser porter par le mouvement.

Il releva des yeux pleins d'incompréhension sur le visage grimaçant et perplexe de son confrère.


- Il veut pas bouger. Pourquoi il veut pas bouger ? Dites-moi pourquoi il ne bouge pas !

Malveigne se redressa et entreprit de se gratter le menton.
Puis de regarder les étoiles à travers le trou du toit.


- Je ne m'y connais pas en monstres aér-...

- Ce n'est pas un monstre ! C'est Aoi ! Répéta Leevo d'une voix plus forte, plus énervée aussi, avant de chercher à se relever pour bien le lui faire intégrer.

Il constata malheureusement qu'Aoi ne cherchait pas à le retenir, ni vraiment à le laisser partir.
Il se contenta seulement de glisser en dehors de ses bras.

L'Inquisiteur Malveigne le regarda repositionner l'individu ailé sur lui et se mettre à lui murmurer quelques encouragements à voix basses.
Des encouragements a priori futiles puisque ledit Aoi avait l'air dans un piteux état, le genre d'état contre lequel des promesses de bons petits déjeuners ne pouvaient rien faire.

Mais l'elfe avait l'air persuadé et convaincu qu'il dormait ; il avait l'air sûr et certain que dans quelques secondes, voire quelques minutes, ledit Aoi allait rouvrir les yeux et réclamer une tasse de lait au miel, un bain, un tour au marché ainsi que tout un tas de choses desquelles Leevo lui susurra la promesse.
Car il lui promit bon nombre de choses pour peu qu'il se réveille immédiatement, pour peu qu'il accepte de sortir de ses rêves lointains et qu'il trouve le moyen d'en revenir.

L'Inquisiteur Malveigne l'écouta longuement promettre tout un tas d'absurdités à ce monstre qu'il tenait serré contre-lui et osa finalement s'avancer pour l'interrompre et tenter de lui ouvrir les yeux sur la situation... :

- Hm... je... je ne crois pas que vous pourrez faire tout ça, non. Leevo se tut pour le menacer des yeux. Je veux dire... s'il est tombé du ciel et qu'il est passé à travers vôtre toit... Il...

- Il n'est pas tombé du toit, aboya l'elfe avant de refermer sa bouche sur le silence et de regarder ses gantelets tachés de rouges qui caressaient inlassablement la tête de son ami.

Il sembla alors se perdre de nouveau dans le vide et les gouffres les plus profonds de son être ; il cessa soudainement tout mouvement, toute respiration...
Il essayait de se souvenir encore.
Il devait se souvenir plus précisément.

Mais rien ne lui revint et il reprit ses gestes presque automatiques.

Il se mit alors à se confondre en excuses au-dessus de la tête du séraphin, le serrant plus fort entre ses doigts, faisant la confession de tous ses torts et cherchant son repentir dans une de ses réactions et, comme il n'y en eut aucune, il recommença à lui demander de lui parler, de lui répondre ; il lui ordonna de le frapper s'il le souhaitait, de le mordre, de lui hurler dessus, n'importe quoi pourvu qu'il fasse quelque-chose.
Il se mit à lui promettre n'importe quoi pourvu qu'il fasse quelque-chose.
Mais le séraphin ne fit rien.

Alors Leevo le reposa par terre avant de lui embrasser le front, comme l'avait parfois fait son ami dans le passé, et il resta-là à attendre encore une réaction de sa part.
Mais il n'y en eu aucune et c'est sans parvenir à quitter son visage pâle des yeux qu'il se releva avant de s'éloigner.

Il rejoignit Malveigne, non sans jeter quelques regards en direction du séraphin, avec la peur de manquer le plus petit geste de sa part, le premier geste qu'il ferait pour montrer qu'il était encore-là, quelque part.

Et puis Leevo empoigna finalement l'épaule de l'Inquisiteur.
Les petites plumes coincées dans ses gants s'agitèrent.


- Vous allez le soigner. Vous allez le forcer à se réveiller. Vous savez le faire, ça. Vous allez le faire.

L'Inquisiteur blêmit et balbutia bêtement :

- Je... je... je ne crois pas que mes... mes... m-mes savoirs puissent aider, mon frère. De la magie b-b-b-blanche, blanche, pe-p-peut-être, oui.

- Je lui ai déjà demandé de se soigner, cracha Leevo en le poussant avant de s'attraper la tête. Il ne veut pas, murmura-t-il, il ne veut rien faire. Il ne veut pas se soigner. Il n'est pas heureux. Il ne veut pas... Il ne veut rien, rien... Qu'est-ce que j'ai fais...

Aux yeux de Malveigne, l'elfe avait l'air dément.
Les choses semblaient claires, pourtant ; il suffisait de bien regarder, il n'y avait pas besoin de magie ou d'avoir lu des livres pour s'en rendre compte et, de fait, il ne comprenait pas pourquoi l'elfe n'arrivait pas à réaliser que cette chose qui gisait-là, sous la danse des dernières flammes, était tout simplement...


- ... mort, mon frère.

Ce fut l'unique chose que Leevo entendit sortir de la bouche de l'Inquisiteur derrière lui, lequel s'était accroupi aux côtés du corps figé...

... pour lui fermer les yeux à jamais.
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Aoi Haandar

l'Alouette aux ailes brisées

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Aoi Haandar
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Race : Séraphin aux ailes coupées
Classe : Guérisseur
Métier : Esclave fugitif, chanteur de rue
Croyances : Divinités de la Pluie et de l'Air
Groupe : Solitaire

Âge : 26 ans physiquement (une cinquantaine d'année en vérité)

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[PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} _
MessageSujet: Re: [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo}   [PV] Des mots qui fachent.. {Leevo} EmptyMar 18 Sep 2012 - 18:05


J’étais… étrangement bien. J’avais l’impression d’être là sans être là. De vivre sans vivre vraiment. Je me sentais… léger. Comme si un poids immense avait tout à coup été ôté de mes épaules et ne fut remplacé par aucun autre. J’étais serein, j’étais calme. La noirceur de ce lieu étrange était plus que reposante. J’entendais quelques voix, au loin, mais je ne savais à qui elles appartenaient ni quel lien ils auraient pu avoir avec moi. J’avais l’impression d’avoir pris une bonne dose de plantes calmantes avant d’aller me coucher et de sombrer tout doucement dans quelque chose d’inconnu mais pourtant rassurant.

Puis je sentis comme une sorte de mouvement. C’était vraiment étrange… Puis la voix se fit plus forte, je l’entendis clairement, je comprenais même ce qu’elle me disait. Des cris même. On parlait d’un monstre, pour l’une des voix. L’autre voix avait alors violemment rétorquer que ce n’était pas un monstre dont on parlait, mais d’une personne ; d’Aoi. De moi.

La mémoire me revint enfin, et avec elle le poids qui me chargeait les épaules depuis un moment : inquiétude, regrets, tristesse, peur… tout me revenait et l’endroit sembla alors beaucoup plus morose, moins beau. Moins confortable aussi.

S’en suivirent des questions : sur le fait que je ne bouge pas, sur le fait que je suis un monstre ou en tout cas, une demande d’explication sur ma nature anormale. De nouveau cris ressurgirent. Leevo…
Il était devenu fou, avait perdu la raison et par la même occasion le contrôle de lui-même. Pour l’empêcher de m’achever, j’avais brisé le toit, renversant les débris sur nous. Au moins, cela semblait avoir marché… mais pourquoi n’étais-je toujours pas conscient alors ? Pourquoi est-ce que je restais dans l’obscurité la plus totale alors que j’entends Leevo me parler ?

Est-ce que c’est ça, mourir ?
… Sûrement. Je devais rendre mon dernier souffle à l’heure qu’il est. Je l’abandonnais complètement, le laissant seul de nouveau. C’est idiot : ma vie ne faisait que commencer. J’avais un travail, Gunar en prison, mes ailes et ma sœur de retour, une maison à moi-même si elle fut montée sur roulette... Le destin ne voulait peut-être pas me voir heureux.

J’entendais la voix tremblante de Leevo me promettre maintes choses alléchantes en échange de mon réveil, mais je ne semblais pas décidé à me réveiller, prisonnier de cette salle noire et sans aucun contrôle sur mon corps. Je sentais pourtant ses doigts griffus passer doucement sur mes cheveux, écartant les mèches tendrement. Pourtant je n’arrivais pas à bouger, à lui montrer que j’étais, je pense, toujours là.

Je souris un peu en l’entendant me promettre un bon bain avec plein de parfum, une tasse de lait bien chaud avec un peu de miel dedans, servie prêt de la cheminée comme j’avais l’habitude de la déguster. Un tour du marché, avec lui, pour acheter des vêtements et des breloques, comme nous le faisions autrefois. Il promit même de boire un peu de ma soupe et de manger les plats que j’allais lui préparer. Il confessa que nous pourrions refaire des « s’embrasser » si ça pouvait me ramener auprès de lui. Leevo me connaissait décidément bien, et ça n’ajouta que d’avantage de force à mon malaise : il tenait beaucoup à moi, c’était évident.

Il avait fallu que je sois mourrant pour m’en apercevoir. Tous les malentendus qui ont fait que je me sois énervé sur lui, c’était simplement des choses qu’il ne comprenait pas, qui le dépassaient ; moi j’avais préféré y voir une certaine vengeance par rapport à mon absence, par rapport au fait que je l’ai laissé. Je m’étais voilé la face, son seul souci c’était moi et ma jalousie maladive, moi et mon manque de confiance en d’autres personnes.
Et me revoilà en train de l’abandonner, à jamais cette fois-ci.

Je suis un réel idiot.

Je l’entendis alors se confondre en excuses, la voix tremblotante, cherchant la moindre explication dans ses gestes, une explication qui aurait justifier mon comportement de ces derniers temps. Tu n’es qu’un idiot, toi aussi. Je suis le seul vrai fautif ici, tu n’as pas à t’excuser tu n’as absolument rien fait.

De nouveaux cris retentirent dans la salle, en échos. Je ne saisis pas bien malheureusement leur signification. Mais le fait est que je me sentis soudain lourd, fatigué. Je me sentais embourbé dans une mélasse de laquelle je n’arriverais pas à m’en sortir, par manque de force.

Ah… c’est donc ça, mourir.

Je m’en voulais de le laisser seul. Leevo aurait mérité une vie bien remplie, une vie meilleure que celle qu’il a pu vivre. J’aurais voulu lui apprendre d’autres choses de la vie normale, peut-être même l’extirper de la vision horrible que ces fous qui l’entourent ont de la vie. J’aurais peut-être même pu l’aimer… mais faire un choix m’étais trop difficile ; le résultat ? J’étais en train de partir.

Je suis désolé, Leevo ; mais je t’abandonne une nouvelle fois… à jamais.
Adieu.



---



…. Ou pas.

Alors que je me croyais enfin parti, la douleur revint au grand galop dans tout mon flanc droit, m’arrachant un hurlement aussi aigue qu’avait pu l’être cette sensation de déchirement à l’intérieur de ma peau et de ma chair.

Un flot de sang vint me couper en plein dans mon cri, m’obligeant à tousser pour recracher ce liquide au goût affreusement ferreux. Quand la vague fut enfin partie, je pus enfin distinguer plus ou moins la silhouette de l’elfe, qui tenait un morceau rougeâtre entre les mains. Il me fallut quelques secondes pour que ma vue s’adapte et que je puisse voir qu’il s’agissait là d’un énorme bout de bois qui avait dû se loger dans mon ventre.

Il y avait donc hémorragie. Et donc grand danger pour le blessé ; moi en l’occurrence.

Je saisis le bras de Leevo, sans prendre même le temps de le prévenir ; je ne l’avais plus, le temps, et si je voulais économiser celui qui me restait, il me fallait agir vite. Sa magie allait m’aider à refermer le trou béant qui s’ouvrait disgracieusement dans les chairs de mon torse.
Ses cicatrices brillèrent, alors que je commençais à incanter aussi rapidement que possible quelques formules basiques : je n’aurais pas la force de me soigner complètement, mais si j’arrête l’hémorragie, je pourrais vivre avec les soins d’un bon médecin.

A mon grand soulagement, je sentis les différentes blessures de mon corps se refermer brièvement, arrêtant l’hémorragie dans chacune d’entre elles avant de relâcher l’elfe. Je grimaçais et lui saisis le col, l’obligeant à m’écouter attentivement.

- Un médecin… magie… tout de suite… !


J’étais à bout de force, je retombais alors dans l’inconscience la plus totale, sous le bruit des pas précipités de l’elfe. Si j’avais pu sourire, je l’aurais fait. Leevo avait bravé le destin pour moi.

Je ne mourrais pas aujourd’hui.
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