''L’enfant voulait répondre. Mais sa gorge lui fit comprendre que ses mots ne seraient jamais à la hauteur du silence.''
               
Eto Hachiro
 
''La mort, c’est elle qui vous fait tenir debout. C’est elle qui dicte les actes. C’est elle qui peint le monde. Et elle vous emportera tous.''
               
Querel Sentencia
 
''Je ne ressens que soif et tristesse, la mort est futilité. Je la cherche, peut-être suis-je elle.''
               
Nagate Zetsubō
 
''Udyr, quand tu seras mort, on se souviendra de ton nom. Moi je n'en ai pas, car je ne mourrai pas aujourd'hui. Mais le tien restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de tous ceux qui t'ont connu, comme celui d'un homme fort, et digne. Alors va, et éteins-toi avec grandeur, devant tous ces vautours.''
               
Darn Butcher
 
''La nature revivait là où les hommes mourraient, le cycle reprenait son cours normal grâce à l’albinos.''
               
Aikanaro Myrrhyn
 
''Ils ne se battaient pour rien qui n’en vaille la peine. Ils étaient incapables de distinguer ce qui avait de la valeur de ce qui n’en avait pas. Alors pourquoi tant de vigueur à la tâche ? Pourquoi risquer sa vie aussi vainement ?''
               
Alcofrybas Grincebrume
 
''Son regard, depuis toutes ces années, avait appris à parler.''
               
Etan Ystal
 
''Un monde de chaos, de destruction et de malheur, un monde impartial et magnifique, le seul en tout cas, où faire l’expérience de la vie prendrait un sens véritable.''
               
Edwin Gwendur
 
''L’enfer, ce doit être l’enfer : courir pour l’éternité dans un paysage sans fin, sans début. Sans possibilité de repos ou de mort.''
               
Tyrias Marchemonde
 
''Mais sans risque on n'obtient rien, voici ma devise mes amis. Il ne faut pas avoir peur de se salir les mains, il ne faut pas avoir peur de la mort…''
               
Dimitri Morteury
 
''Tomber... Ceci est si abstrait. L'on pourrait se relever plus grand que l'on était.''
               
Yozora Adragnis
 
''Il passa des semaines dans le cachot ayant décidé de s'y enfermer lui-même. Puis, au terme de trois semaines, vous êtes venu le voir et vous lui avez dit : «Les larmes ne sont qu'une faiblesse qu'il te faudra masquer... Si tu veux t'apitoyer, libre à toi, mais, si tu souhaites voir les choses changer, tu le peux toujours. Suis-moi... Mon ami.»''
               
Haar Wilder
 
''Le brin d'herbe ne se soucie guère de ce que font les feuilles des arbres. Mais à l'automne venu, les feuilles ne se suffisent plus entre elles. Elles s'assombrissent, se nourrissant des nuages noirs d'orage. Et alors, elles se laissent tomber sur nous.''
               
Le Peintre
 
''S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est immobile, allongée, rigide, puante à en faire vomir, en décomposition, transportant des milliers de maladies, la peau arrachée et les os jaunes. S'il y a bien quelque chose que l'on oublie, lorsqu'une personne est à six pieds sous terre, devenue la proie des corbeaux, et ses yeux mangés par des fourmis... C'est qu'elle a un jour été orgueilleuse et avide. C'est qu'elle a un jour voulu devenir riche et grande, ou bien qu'elle l'est devenue. Cela ne change rien.''
               
Le Violoniste
 
''La pensée est la liberté, la liberté... Alors, le corps est la prison, le corps est la prison... Il faut casser les barreaux.''
               
Sill
 
''Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.''
               
Setsuna Hendenmark
 
''Fais ce que tu veux avec ces villageois, sauf les laisser en vie.''
               
Kaull Hendenmark
 
''La fuite vers la religion peut être une réponse pour certains. Pour d'autres elle n'est que la simple évidence que l'homme est faible et instable.''
               
Astryl Panasdür
 
''La mort ne cherche pas à s’expliquer, elle ne fait qu’agir, monsieur. Les cadavres ne racontent pas grand-chose, mais vivant, un homme peut en avoir long à dire.''
               
Sanaki Hearthlight
 
''Alors, telle une marionnette cassée que l’on tente en vain d’animer, il se releva, restant digne malgré ses blessures.''
               
Dolven Melrak
 
''Quand le sang coule, il faut le boire. La mort ne frappera pas à votre porte mais s'invitera par vos fenêtres !''
               
Andreï Loknar
 
''Personne ne peut capturer une ombre, personne ne peut la dresser ni se l’approprier.''
               
Jazminsaa Alsan
 
''De la même façon, à l'idée qu'un abruti de scribe puisse teinter ses parchemins de calomnies religieuses, ou pire, me faire porter le titre de héros, je vais préférer m’occuper de l'écriture de ma propre histoire.''
               
Alexandre Ranald
 
''La mort... Si belle et terrible à la fois, elle l'appelait, et l'appelle toujours.''
               
Adam Moriharty
 
''Par nature, j’aime tout. Par conséquence, je me hais…''
               
Samaël Apelpisia
 
''C'est sordide et cruel, mais c'est hélas la réalité de ce monde.''
               
Liam Gil' Sayan
 
''Aujourd’hui sur les terres de Feleth les pensées ne sont plus les bienvenues. Le temps de la renaissance spirituelle est terminé. Le temps où les grands penseurs avaient aidé le monde est révolu.''
               
Héra Calliope
 
''La mort était séductrice ; elle ne montrait que ses bons côtés. La sérénité et le calme absolu : pour toujours et sans violence.''
               
Eurybie Pourrie
 
''J’ai atteint cette espèce de vanité qu’apporte l’ancienneté. Je ne crois plus qu’on puisse m’apprendre quelque chose, et si jamais quelqu’un essaye ou y arrive seulement, je me bloquerais et deviendrais hermétique à tout contact.''
               
Dante Waanig
 
''Je devrais t'attacher, tu deviens dangereux pour toi même !''
               
Jeyra Frozeñ
 
''La beauté des êtres n'était rien. La beauté des choses oui. Mais pas forcement celle que l'on voit avec une paire de rétines.''
               
Akira Satetsu
 
''Le noir. Une étendue sombre en perpétuel mouvement.''
               
Melpomène d'Ambre
 
''Il est des oreilles invisibles qui peuvent entendre jusqu'à nos moindres soupirs et des secrets aux allures anodines peuvent se révéler instruments de destruction et de tourments sans fin...''
               
Cassandre Ombrelune
 
''Le "rien" est tellement plus unique que la peur ou n'importe quel autre sentiment...''
               
Meryle Nightlander
 
''Ce n'est pas le nombre ni la force qui compte, c'est l'envie, la cause.''
               
Luyak Salamya
 
''L'innocence d'un enfant est la plus grande peur de l'homme.''
               
Clause Vaneslander
 
''Quand il lui manque une marionnette pour ses spectacles. Il verrait en vous la chose qu'il cherche.''
               
Jack D'enfer
 
''Il n'a pas de notion réelle du bien et du mal, personne ne lui ayant jamais défini ces mots.''
               
Jim Stocker
 
''Je n'ai vu aucune lumière, aucun goulet, pour sortir du boyau infini et obscur que nous empruntons tous, jusqu'à la promesse d'une nouvelle vie, de la transcendance et de la connaissance. Alors, mes yeux se sont adaptés aux ténèbres.''
               
Shaquîlah Dresdeïorth
 
''Le pouvoir ronge l'homme.''
               
Balthazar Bel
 
''Visiblement, la sérénité n'avait de valeur que si on connaissait également, en comparaison, des moments de troubles.''
               
Dranek Barth
 
''Le faible se faisait tuer, le fort vivait un jour de plus.''
               
Rodany Bleinzen
 
''Le soleil se couchait sur le monde du milieu. Les ténèbres se paraient de leurs plus somptueux apparats pour enfin faire leur entrée.''
               
Rin Mephisto
 
''Et alors il vit le chaos, la désolation, la souffrance le désespoir ambiant. Il rit.''
               
Elrog Aniec
 
''Perdu quelque part, marche vers nulle part.''
               
Kyle Wate
 
''La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir.''
               
Karin Yzomel
 
''- Je peux vous prédire le genre d'homme qui vous convient !
- Je connais déjà mon genre d'homme.
- Vraiment... Et quel est-il ?
- Les hommes morts.''
               
Naladrial Delindel
 
''Utilise tes pouvoirs seulement quand le noir deviendra invivable.''
               
Zedd McTwist
 
''Tes cauchemars m'ont déjà donné l'encre... À présent, ta peau me donnera les pages !''
               
Conrart Crowlore
 
''Bien des gens se font enfermer dans un cercueil une fois mort, mais rares sont ceux qui naissent dedans.''
               
Dassyldroth Arphoss
 
''Le corbeau frénétique qui vous nargue de sa voix perchée, agite ses ailes damnées, où le reflet d'un mort se penche sur votre âme.''
               
Lust Aseliwin
 
''La vie est un mensonge, la destruction une délivrance.
Passent les marées, soufflent les vents, en vain...''
               
Le Passant
 
''Fauche, tranche et avale, gouffre des âmes. Que se dresse devant toi mille fléaux, et que l’enfer se glace devant ta noirceur.''
               
Lloyd Vilehearth
 
''Des charognards pour la plupart, comme ces corbeaux à deux têtes, venant dévorer le valeureux mort.''
               
Meneldil Tristelune
 
''Nous sommes les bourreaux de la justice et de la paix. Même si ce rôle n'est pas agréable à endosser, nous nous devons de le faire, pour le bien du peuple.''
               
Ezekiel Le Sage
 
''Il me tarde de retourner au combat pour finir empalé sur une pique.''
               
Karl Von Morlag
 
''Montre-moi le chemin de la victoire. Ou guide-moi alors dans les tréfonds de la mort...''
               
Aznan Lauréano
 
''Comment peux-tu supporter ça ? C'est assourdissant ! Tue-le ! Qu'est-ce que ça te coûte ? Tu ne l'entendras plus. Tu seras en paix... Tue-le !''
               
Aïden Sochlane
 
''- Faites taire votre cabot !
- Je ne suis pas votre servante !
- Alors je le ferai taire moi-même !''
               
Rosaly Von Gregorius
 
''Le seul présent que la justice a à vous offrir, est votre mort.''
               
Mirage Morteury
 
''Laissez-moi vous conduire aux carnages.... Tant d'âmes ne demandent qu'à succomber.''
               
Idryss Leeverwen
 
''Le soleil est un bourreau. D'une simple caresse, sa langue enflammée peut calciner n'importe quel être.''
               
Seïren Nepthys
 
''C'est une nuit sans lune. Ou bien était-ce un jour sans soleil ?''
               
ShuiLong Zhang
 
''La vie est un rouage lent et grinçant. Il ne tourne que dans un sens. Celui où tu tombes.''
               
Camelle Elwhang
 
''Et un jour, sur vos lits de mort, bien des années auront passé et peut-être regretterez-vous de ne pouvoir échanger toutes vos tristes vies épargnées à Feleth pour une chance, une petite chance de revenir ici et tuer nos ennemis, car ils peuvent nous ôter la vie mais ils ne nous ôteront jamais notre liberté !''
               
Edouard Neuman
 
''Le temps est la gangrène de l'homme, elle apparait puis vous ronge à petit feu. Pour finir il ne vous reste plus que le présent pour vivre ; le passé s'évapore peu à peu et le futur ne vous intéresse guère.''
               
Asgeïr Aslak
 
''Cueillir la fleur de la déchéance et croquer dans la pomme de la faucheuse, nos vies se résument à cela car après tout, nous finissons à une moment où un autre, tous sous terre.''
               
Violette Dellylas
 
''Le pire n'est pas de mourir, mais de se faire oublier.''
               
Erwan Daermon Do'Layde
 
''Tenter d'oublier, même si c'était impossible. Il aurait aimé se jeter à la mer avec la preuve de son acte immonde. Laver tout ce sang qu'il sentait sur lui. Peut-être même s'y noyer, simplement. Sombrer dans les abysses et les ténèbres, pour toujours.''
               
Mio Raeth
 
''La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère.''
               
Aeli Seoriria
 
''Si la vie n'a qu'un temps, le souvenir n'a qu'une mesure. Le reste est silence.''
               
Valt Horn
 
''Dans le noir le plus complet, l'aveugle est la meilleure personne à suivre. Dans un monde de folie, qui mieux qu'un fou pour nous guider ?''
               
Ledha Borolev
 
''Je ne crois pas en la force d'un absent. Celle qui ferait de vos dieux ce que vous pensez qu'ils sont.''
               
Gigantus Corne
 
''Une limite qui n'a été créée que pour être dépassée ? C'est simple, imaginez !''
               
Goudwin Didrago
 
''Voir grouiller tous ces gens, connaître leurs désirs et leurs rêves, voir comment évoluent les sociétés, leurs aspirations et leurs défauts. Comprendre que donc rien n'est éternel, et que tous ces rêves et toutes ces folies disparaîtront de la surface du monde. Se laisser aller, indolent, parce que tout cela ne servira à rien, et qu'au bout du compte le monde reste le monde, seule éternité immuable.''
               
Uridan Sangried
 
''L'Inquisition vous remettra sur le droit chemin. Même s'il faut vous briser les jambes pour ça.''
               
Leevo Shellhorn
 
''N'oublie pas d'avoir peur des morts. Ils sont toujours plus nombreux que les vivants, et un jour, tu les rejoindras.''
               
Moira Brawl
 
''J'avais l'habitude avec ce genre d'individus... Moins vous bougerez, moins vous leur parlerez... et moins ils vous cogneront dessus.''
               
Aoi Haandar
 
''Je souhaite voir votre sang se répandre mollement à la surface d'une eau rendue trouble par les masses de cadavres vidés de leur substance, marcher dans les champs de vos ossements éparpillés, me remémorant à chaque pas votre mort absurde et pathétique, que vos noms ne soient pas contés, que votre souvenir s'éteigne comme s'éteint votre vie fade et misérable, qu'à travers les années, seuls subsistent vos ossements tels de tristes traces blanchâtres dans un paysage noir de guerre, de sang et de folie.
Et que telles cette phrase, vos morts n'aient aucune importance, aucune signification pour quiconque.''
               
Nargheil Eoss
 
''Bénie soit la haine que tu porteras à ton prochain, lave l'Homme des péchés qu'il a commis.
Sois l'épée du jugement qui s'abattra sur cette race impure, souillée par la vengeance et la corruption.''
               
Meiro Fuuchiuse
 
''Notre futur exprime nos actes passés.''
               
Terence Ripper
 
''Rencontre les ténèbres et tu admireras la lumière, dit le voyant.
Contemple la lumière et tu provoqueras les ténèbres, dit l'aveugle.''
               
Tekian Varis
 
''Un général courageux et fier, est celui qui exécute en premier l'ordre qu'il donne à ses hommes.''
               
Danarius Kyrarion
 
''L'art est le sentiment obscur de l'appropriation de l'étrange.''
               
Leroi-Gourhan
 
''La mort nous sourit à tous, et tout ce que nous pouvons faire, c'est lui sourire en retour.''
               
Marc-Aurèle
 
''L'art est la mystérieuse présence en nous, de ce qui devrait appartenir à la mort.''
               
Malraux
 
''L'art est une profondeur creusée dans le visage du monde.''
               
Weischedel
 
''Le néant après la mort ? N'est-ce pas l'état auquel nous étions habitués avant la vie ?''
               
Schopenhauer
 
''Les avocats d'un malfaiteur sont rarement assez artistes pour tourner à l'avantage de leur client la belle horreur de son acte.''
               
Nietzsche
 
''Ôte-toi de mon soleil.''
               
Diogène le cynique
 
''Il y a pas d’œuvre d'art sans collaboration du démon.''
               
André Gide
 
''Ce n'est pas le lieu mais son cœur qu'on habite.''
               
John Milton
 
''Nous sommes les histoires que nous vivons.''
               
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''La mort est terrible pour n'importe qui. Bons ou mauvais, anges ou démons, c'est la même chose. La mort est impartiale. Il n'y a pas de mort particulièrement horrible. C'est pourquoi la mort est effrayante. Les actes, l'âge, la personnalité, la richesse, la beauté... Tout ça n'a aucun sens face à la mort.''
               
Fuyumi Ono
 
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 [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}

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Leevo

Invité

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[CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} _
MessageSujet: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyLun 3 Sep 2012 - 19:33

Leevo Shellhorn

« Les ingrédients coûtent chers – LA VIE – alors si tu pouvais arrêter de bouger – TE DEBATTRE – dans tous les sens ou de chercher à renverser – DETRUIRE – mes coupelles, j'arrêterai peut-être de te planter – T'ENFONCER – mon aiguille n'importe où. »
Ervin Shellhorn à propos des affronts.


***

L'intensité de la nuit déclinait déjà et une pâle lumière commençait à s'infiltrer à travers les fenêtres, dont une qui lui permettait de venir éclairer l'intérieur d'une des vieilles chambres du vieux manoir Shellhorn.

Leevo était installé dans le lit qui régnait au milieu de toute cette mi-pénombre ; il ne dormait pas malgré la chaleur des draps et le confort hypnotisant du matelas et fixait le plafond avec une intensité sans nom, comme s'il cherchait dans les rainures du bois quelques réponses aux questionnements qui remplissaient sa tête.

A côté de lui, il y avait Aoi, enroulé dans les draps et qui semblait avoir succombé à leurs appels ensommeillant depuis un bon moment déjà.

Depuis quelques jours, les deux êtres se tournaient autour et avaient entreprit de se rapprocher, faisant finalement fi de la relation professionnelle que l'un et l'autre avaient cherché à avoir, chacun à leur tour, et chacun souffrant en silence de la distance et de la froideur de l'autre.

Mais petit à petit, soir après soir, les barrières étaient tombées et il n'y avait plus eu de distance.
Et, cette nuit-là, il n'y eut carrément plus de froideur du tout.

Leevo en fut le premier ravi.
Après tout, Aoi lui avait avoué qu'il était toujours quelqu'un de spécial à ses yeux et avait pris le temps, les jours précédents, de le lui prouver en restant auprès de lui chaque soir, autant que nécessaire.
Et finalement, Leevo s'était laissé convaincre, il s'était laissé persuader, il avait accepté de croire ses paroles et avait eu pour lui un geste qu'il avait souvent eu par le passé...
… et qui dura toute la nuit.

Et maintenant il était-là, dans cette mi-pénombre, allongé à côté d'Aoi, dans le lit et la chambre qui avaient accueilli le séraphin quatre ans plus tôt et dans lesquels il n'avait pas remis les pieds depuis.
Il aurait dû être content.
Il avait retrouvé son ami comme avant, exactement comme avant.
A un détail près, du moins : avant, lorsqu'il se retrouvait en train d'enlacer Aoi dans cette couche et de lui montrer à quel point il pouvait être important pour lui, sa magie s'éveillait pour dégager une chaleur heureuse et bienveillante, satisfaite et conquise d'être pour quelqu'un un être qui avait une véritable valeur.
Mais ce soir-là, elle ne s'était pas éveillée.
Elle n'avait rien fait du tout et Leevo n'avait rien ressenti d'autre que les plaisirs sales de la chair, que le péché qu'il était en train de commettre avec lui...
… qui avait une autre personne bien plus importante que lui dans son cœur.
Il y avait un autre « quelqu'un de spécial » qui avait bien plus d'importance que lui aux yeux d'Aoi, quelqu'un qui n'avait sans doute jamais eu droit à ses mensonges, quelqu'un qui n'avait pas eu droit à de tels faux élans de passion juste parce qu'il avait de l'argent en masse.

En sommes, dans la tête de Leevo, si ses cicatrices ne s'étaient pas remises à briller comme elles avaient pu le faire automatiquement lorsqu'il l'avait embrassé, c'est parce que toute cette scène n'avait été qu'une grosse supercherie sans aucun réel sentiment profond, contrairement aux toutes premières fois, contrairement à toutes ces fois où l'autre n'était pas à seulement quelques rues de chez lui.

Aoi lui avait menti.
Aoi n'avait accepté de venir avec lui dans cette chambre que pour l'argent.
Aoi s'était forcé.
Aoi avait fait des trucs de catin.
Et les catins...

Leevo tira les couvertures et s'extirpa du lit pour ramasser et remettre le bas de sa tenue de cuir, après quoi il fouilla la pénombre à la recherche de sa ceinture autour de laquelle était toujours accroché un petit sac.
Lorsqu'il la retrouva, il partit s'asseoir sur la chaise qu'il y avait dans un coin, sur laquelle, avant, il s'asseyait toujours en attendant qu'Aoi se réveille.

***

Le soleil était bien levé maintenant et Leevo avait pu finir de conclure son raisonnement abracadabrant : il n'était plus quelqu'un de spécial.
C'était impossible qu'il y ait deux personnes spéciales dans la vie d'Aoi et, aux vus des effets procurés par cette nuit – c'est-à-dire aucun –, il n'en était pas une.
Il n'était que Leevo.
Leevo l'employeur.

Il était en train de regarder les reflets du soleil sur ses gantelets quand il vit et entendit le séraphin émerger, ce qui eut pour effet de le faire se lever d'un bond, s'approcher de lui et, ne lui laissant guère le temps de se réveiller totalement, il lui attrapa la main pour y déposer quelque-chose à l'intérieur.


- ... Si tu en veux plus, tu n'auras simplement qu'à demander, la prochaine fois.


Dernière édition par Leevo Shellhorn le Jeu 6 Sep 2012 - 16:37, édité 2 fois
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Aoi Haandar

l'Alouette aux ailes brisées

________________

Aoi Haandar
________________


Race : Séraphin aux ailes coupées
Classe : Guérisseur
Métier : Esclave fugitif, chanteur de rue
Croyances : Divinités de la Pluie et de l'Air
Groupe : Solitaire

Âge : 26 ans physiquement (une cinquantaine d'année en vérité)

Messages : 306


[CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} _
MessageSujet: Re: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyLun 3 Sep 2012 - 20:28

- ... Si tu en veux plus, tu n'auras simplement qu'à demander, la prochaine fois.

Au premier abord, j’avais pensé qu’il s’agissait d’une proposition coquine, je l’avoue. Ca m’avait même fait sourire, alors que j’étais encore à moitié dans les bras de Morphée. Mais malheureusement pour moi, le tintement des pièces de monnaie qui s’entrechoquaient dans la paume de ma main me ramena bien vite à la réalité.

Cette phrase… je l’avais entendue si souvent, alors que je faisais le trottoir…

Il me payait pour la nuit que nous avions passée ensemble.
Il me payait pour la putain que j’étais il y a quelques années de cela.
Il ne m’avait donc jamais vu autrement que ça ? Je n’étais qu’un… qu’un jouet !?

Je l’avais regardé, perdu. Je ne comprenais plus rien… il tenait à moi non ? Il m’aimait ? Il… il avait voulu se rapprocher non ? Il… il avait posé tout un tas de questions sur moi, sur ce que j’avais fait… Il avait forcément voulu qu’on se rapproche, tous les deux !
… Ou alors il n’avait jamais eu d’autres idées que d’arriver à passer ses envies sur moi, comme une catin de banlieue. C’est tellement facile de berner un cœur amoureux… Il s’était servi de moi pour arriver à ses fins, et il y était parvenu ! Je m’étais donné à lui sans me poser de questions, idiot que j’ai été !

Je sortis enfin de ma réflexion, alors qu’il se tenait debout devant moi, attendant une réaction de ma part ; cette dernière ne tarda pas d’ailleurs. Je lui envoyais ses pièces au visage avant de sortir du lit, sans prendre même la peine de m’habiller. Ma main attrapa le premier objet qui était à sa portée pour l’envoyer droit sur l’elfe. La pauvre victime fut un vase de collection en porcelaine. L’elfe esquiva la décoration, étonné par ma réaction.
J’attrapais alors un second vase, l’envoyant vers l’elfe en l’accompagnant d’une valse d’insultes :

- BATARD ! BATARD ! Comment est-ce que j’ai pu te croire… Tu… Tu t’es joué de moi…


Ce fut au tour du chandelier de voler à travers la pièce. Chandelier que l’elfe évita une nouvelle fois, évidemment ! Je fulminais, j’enrageais même :

- CA T’A PLU HEIN ?! C’ETAIT BON ? T’AS BIEN BAISÉ ?!


Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se tut de suite en me voyant empoigner un des crochets à volets qui reposait dans un panier. Je le pointais vers lui, hors de moi et le menaçait, essoufflé.


- Sors d’ici…


L’elfe sembla perdu, et ne m’écouta pas. Qu’attendait-il ce grand crétin ? Que je le tue pour sortir ?! C’est ça qu’il cherchait ?! Je ne tins plus. La colère montait en moi par vagues, et celles-ci étaient de plus en plus fortes. J’avais tout fait pour le rendre heureux ! J’avais même été jusqu’à rester ici alors qu’il me traitait comme un chien ! J’avais tenté de me rapprocher de lui mais rien n’y faisait : il m’avait humilié, il m’avait souillé.

Si il voulait m’arracher le cœur, pourquoi ne s’était-il pas contenté de le faire au sens littéral du terme ?!
Mais même si il ne l’avait pas vraiment fait… pourquoi est-ce que j’avais si mal ? Mon cœur avait quitté le cocon de chaleur dans lequel il était installé depuis plusieurs jours pour s’enfermer dans une prison glacée qui lançait à chaque inspiration. Les larmes de joies, qui avaient baigné mes joues il y a quelques nuits, étaient maintenant remplacées par leurs jumelles diaboliques : elles étaient froides et brûlaient la peau. Et il continuait à me regarder comme un idiot, alors que je le menaçais de mon tisonnier. Se moquait-il encore de moi ? Me croyait-il incapable de lui faire du mal ? Il se trompait ! Il se trompait lourdement !

Et pour lui prouver qu’il avait tord, j’entrepris de balayer tout ce qui se trouvait sur le bureau, d’un revers de la main, alors que la longue tige de fer reversait tout ce qui trouvait sur son passage. Son regard, sa présence, son souffle… je ne pouvais plus le supporter !


- SORS D’ICI ! DEGAGE ! FOUS LE CAMP CHEZ TA PUTAIN AU RABAIS ! LAISSE MOI !


Il eut à peine le temps de fermer la porte alors que j’envoyais le crochet aussi fort que je le pouvais. Ce dernier se planta dans le bois ancien de la porte. Je laissais alors éclater les sanglots que je retenais depuis tout à l’heure.
Comment avait-il pu me faire ça ? Je m’étais confié à lui ! Je logeais chez lui ! Je l’aimais ! Il s’est servi de moi comme tous ces idiots ! Comme tous ces traîtres ! Pourquoi me trahissaient-il de la sorte. Est-ce que ça viendrait de… moi ?

Je commençais à réfléchir le plus vite possible. Tout ça… tout ça a commencé alors que je suis revenu ici. Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal en arrivant ? Qu’est-ce qui avait changé ? Mes… ailes ? … Il est vrai qu’il ne les avait jamais appréciées… mais.. ce serait elles le problème… ?
Je tournais mon regard vers mon plumage blanc qui me paraissait magnifique il y a encore quelques jours. Aujourd’hui, elles me paraissaient sales et laides. Dégoûtantes, affreuses, ignobles, abominable, disgracieuse, horribles… Peut-être que si je ne les avais jamais eues tout ce serait passé bien mieux ?

Je les détestais à présent ces ailes.
Alors pourquoi les garder ?
Peut-être que si je ne les avais plus, la douleur qui s’était installée dans mon poitrail… disparaîtrait ?

Je n’attendis pas plus longtemps pour saisir à pleine main une poignée de ces horribles plumes informes et outrageusement blanches pour les arracher d’un coup sec et recommencer encore et encore, arrachant le duvet par endroits. Les coups se firent si sec que du sang coula par endroit, tâchant les autres plumes. Décidé dans ce que j’avais à faire, je me tournais vers la coiffeuse où reposait une paire de ciseaux de tailleurs. Avec ça… avec ça je pourrais les enlever. Avec ça, tout irait mieux.

Mais avant que je n’exécute la sentence de ces ailes informes, mon regard se posa sur le grand miroir accroché au mur. Les membres duveteux dans mon dos retombaient comme des âmes en peine, les plumes arrachées partiellement, un peu partout sur leur surface, formant de grands trous plus que disgracieux.

Ces ailes, j’en avais rêvé toute ma vie.
Je les avais chercher désespérément, je n’y croyais même plus.
Alors… je devrais les sacrifier pour un elfe qui n’en a rien à faire, de moi ?!
Non… Ce n’est pas des ailes que je dois me débarrasser…
C’est de l’elfe.

Il m’avait humilié. Il m’avait bafoué. Il s’était joué de moi et avait rit de mes sentiments, ne cherchant qu’à écarter mes cuisses, comme tout ceux qui s’étaient jouer de moi. Ils étaient tous morts aujourd’hui. A la différence prêt que je ne leur avait pas offert mon amour.

Il paiera donc au centuple l’affront qu’il m’a fait
Qu’il se prépare, on va jouer à un petit jeu très amusant où la mort est la seule vraie gagnante.
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Leevo

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MessageSujet: Re: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyMar 4 Sep 2012 - 11:22

Leevo lâcha la poignée de la porte, complètement hébété.

Le silence avait repris ses droits de l'autre côté du mur, encore plus brutal et fou que le vacarme et les cris d'Aoi.

L'elfe recula de quelques pas, sans quitter la porte des yeux ; s'il ne tremblait pas malgré le choc et la surprise, c'est seulement parce qu'il n'avait jamais appris à exprimer sa peur d'une quelconque manière que ce soit.

Mais il était pétrifié.
Jamais il n'avait vu Aoi dans un tel état ; jamais il ne l'avait entendu hurler de la sorte, jamais il ne l'avait vu énervé au point de se mettre à balancer tout ce qui avait le malheur de se trouver à sa portée, jamais il ne l'avait vu le menacer avec un crochet ou n'importe quoi d'autre...

Aoi était dément.
C'était la seule explication.
Pourtant, Leevo lui avait donné ce qu'il voulait, non ?
Ils avaient couché ensemble pour de l'argent, et il en avait eu, alors... ?
Peut-être n'avait-il pas aimé le fait qu'il découvre sa supercherie ; peut-être avait-il cru qu'il était trop naïf pour découvrir son plan et...
Oui, c'était la seule explication.
Aoi était devenu dément parce que sa duperie et ses mensonges n'avaient pas pris.
C'était la seule explication logique aux yeux de l'elfe qui ne pouvait croire, ou seulement s'imaginer que le séraphin ait pu avoir de vrais sentiments pour lui ; il ne pouvait pas le croire parce que ses cicatrices ne s'étaient pas allumées comme avant, comme quand Aoi lui avait accordé une vraie importance.
Et puisqu'elles n'avaient pas réagi de la même façon qu'avant, c'est que c'était différent.
Et c'était forcément parce qu'Aoi ne lui accordait plus le même intérêt.
Ce n'était pas parce que lui, Leevo, avait passé son temps à s'interdire de montrer combien il l'aimait, trop obsédé par l'autre « quelqu'un de spécial ».
S'il n'avait pas brillé, ce n'était pas parce qu'il n'avait fait que penser à l'autre.
Non.
En fait, si.
Mais c'était bien plus simple, pour l'elfe, de croire qu'il y avait anguille sous roche plutôt que de soulever ladite roche pour voir que la seule chose qui s'y tenait dessous, c'était sa propre ombre pleine de doute.


- Aoi ?

Leevo sursauta et dégaina instinctivement son coutelas pour le pointer en direction de la voix qui venait de se faire entendre ; il découvrit alors un homme de taille assez imposante arriver dans le salon, tranquillement, d'il-ne-savait-où.
Il avait les cheveux bleus.

C'était le mage.
C'était lui.
Et soudainement, les choses devinrent encore plus claires – ou plus tordues – dans l'esprit de Leevo : la seule présence de ce fielleux chez lui expliquait la démence d'Aoi : c'était lui qui l'avait provoqué, grâce à de quelconques charmes perfides que seuls des mages inconscients étaient capables de provoquer.
Seule une emprise magique sur l'âme pouvait entraîner de telles rages, de tels comportements, de telles folies.
Leevo le savait bien : il en était lui-même victime.
Et ce type qu'il considérait comme le parfait coupable prouvait par sa seule présence sa culpabilité.
Ce n'était en réalité qu'une affreuse coïncidence.
Mais c'est bien connu, les coïncidences et les mages n'allaient pas de paire, encore moins lorsque c'était à un inquisiteur de recoller les morceaux.

L'elfe grogna et prit une position bien plus menaçante ; il resserra sa prise sur son coutelas et se mit à briller, de haine.


- C'est toi qui l'as rendu comme ça...
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Aoi Haandar

l'Alouette aux ailes brisées

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MessageSujet: Re: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyMar 4 Sep 2012 - 14:44

Je m’étais calmé. Un peu. Et en me calmant, j’avais eu le temps de réfléchir à un plan d’action ou, tout du moins, une base de plan : ce cher elfe adorait le vin. C’était donc la cachette idéale pour y cacher du poison. Restait donc à choisir le dit poison. Pas quelque chose de trop rapide mais violent quand même. Et pas quelque chose de trop lent ; Sillae allait certainement venir s’incruster au manoir de temps à autre maintenant que Leevo a renouer des liens avec elle. Et il ne fallait pas que cette gourde vienne ramener son sale nez poudré alors que Leevo n’était pas bien.

Le mieux serait de faire ça après le repas des elfes. Ou pendant. Enfin, pas avant, il risquerait de ne pas être bien et ça amènerait des doutes sur moi. Je souris. Mon plus gros avantage était que ce profiteur ne fréquentait quasiment personne en dehors de ses amis inquisiteurs. J’aurais simplement à dire à ces hurluberlus que le maître de maison était malade.
Mais ils me soupçonneraient non ?

Bah, j’aurais simplement à prendre une bouteille de vin qu’on lui a offerte. Comme ça, ce ne sera pas moi qui porterais le chapeau, mais la personne qui lui a offert cette bouteille. Il fallait donc que ce soit un grand cru. Le mieux serait encore que la bouteille était destinée à son défunt maître, alors là, je serais innocent jusqu’au bout des ongles.

On ne se moque pas impunément de moi. Et encore moins de mes sentiments.

Je ramassais alors mes affaires et m’habillais, remettant la broche à mon foulard afin qu’il ne voit pas ce que j’ai fait de mes ailes ; il en serait beaucoup trop heureux et ce n’était pas le but. Alors que j’arrangeais mes cheveux devant le miroir, j’entendis la voix de Kaai’to. Je haussais un sourcil. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Il était censé travailler tôt le matin non ? Bref, j’ouvris calmement la porte, tout en gardant mon regard haineux. Kaai’to regardait calmement Leevo. L’elfe quant à lui avait adopté une posture agressive. Il m’avait trahi… il allait le payer cher.

- … Kaai’to, je te rejoins dehors, j’ai deux mots à dire à Shellorn.


Le marchand acquieça et sortit, alors que je me tournais vers l’elfe.

- … Je ne vais pas quitter le manoir. Je vais rester. Mais je dormirais dans ma chambre et… on se reparlera quand j’aurais digéré tout ça. D’accord ?


Le d’accord était une formalité. On voyait bien à mon regard qu’il n’y avait pas à discuter. Et il sembla le comprendre parce qu’il acquiesça. Je rejoins alors Kaai’ dehors et nous déambulâmes dans la rue sans même échanger un mot. Il savait que dans ces moments là, j’étais bien trop énervé pour qu’il se risque à parler. Il demandait alors plus tard. Puis, quand nous arrivâmes aux roulottes, je grimpais dans la mienne pour sortir mon livre sur les plantes à poison et leurs symptômes.

Il me fallut plus de deux heures pour choisir quel serait le mélange, et donc le châtiment, adéquat pour Leevo Shellhorn.

Mais j’avais tout de même fini par me mettre d’accord. Les symptômes de ce mélange étaient ceux-ci : les premiers jours de l’ingestion, rien ne se passe. Après deux jours, des crampes se font sentir dans le bas du dos, les poignets et les chevilles, obligeant la victime à rester allongée pour minimiser la douleur ; parfait donc, il est déjà alité après deux jours. Les troisièmes et quatrièmes jours, de fortes quintes de toux sanglantes et une puissante migraine prennent le relais. Les cinquièmes et sixièmes jours, une forte fièvre se manifeste ainsi qu’un assèchement des diverses muqueuses pouvant provoquer des lésions irréversibles. Le septième jour, les muscles se raidissent, provoquant crampes et lésions internes ; la victime ne sait plus bouger. Le huitième jour, en plus de tous les autres symptômes, les poumons et le cœur se compriment quelques heures, déclenchant de fortes douleurs dans le thorax, avant de finalement cesser toute activité.

Si on veut éviter la mort de la victime, la dernière limite pour donner l’antidote est le quatrième jour. Au-delà, la victime pourra être sauvée mais il restera des lésions irréversibles. Si l’antidote est donné dans la nuit du septième jour ou le huitième jour, cela ne servira à rien, la victime mourra.

Une lente agonie douloureuse et bien méritée. Mais… peut-être que si il me supplie à genoux je serais assez indulgent que pour lui donner l’antidote, sait-on jamais. J’ai un cœur, tout de même. Je souris, jubilant à l’avance de ma vengeance à portée de main et demandais à Kaai’to de me procurer les plantes nécessaires pour ma mixture. Il rechigna à la tâche mais s’y contraint tout de même. Il savait que de toute manière, j’arriverais à me les procurer, quoi qu’il arrive.

Bien... la machine est en marche.

____

Les jours suivants, j’étais retourné au manoir en tirant la tête. Leevo ne me parlait pas vraiment et moi je ne lui répondais que rarement. Le regard assassin que je lui lançais suffisait à le faire taire. Trois jours passèrent ainsi. Finalement, je m’étais radouci et je répondais volontiers à ses questions. Le but était qu’il ne suspecte rien, alors autant se montrer un minimum sympathique.

Les trois autres jours qui suivirent, je me montrais même parfois souriant quand il me posait une question. Petit à petit, évidemment. Il ne fallait pas qu’il ait des doutes. Mais même si je m’étais radouci, il était hors de question de dormir avec lui. Je passais ma nuit à broyer les feuilles et les baies séchées dans mon mortier pour en obtenir une poudre extrêmement fine, qui passerait donc facilement par le bout d’un petit entonnoir. Très très fin, l’entonnoir.

Il s’agissait là d’un petit entonnoir en verre par lequel je faisais passer les substances dans des récipients bouchonnés. Avec une aiguille je faisais un trou dans le liège du bouchon avant de passer la tige de l’entonnoir. Je diluais ensuite la poudre dans de l’eau et je versais l’eau dans l’entonnoir. Ni vu, ni connu.

C’est d’ailleurs ce que j’avais fait avec une bouteille d’un grand cru qu’un certain Wooldney avait offert au maître de Leevo. Bref, j’avais percer le bouchon avec l’aguille et j’avais passé l’embout de l’entonnoir dedans. Paaarfait.. J’étais attentif à tous bruits. Leevo ne devait pas rentrer avant un moment mais sait-on jamais… Une fois la dose de liquide mélangée au vin, je retirais l’entonnoir et j’attrapais une bougie allumée. La flamme passée sur la cire recouvrant le bouchon, on n’aurait pas su deviner que je l’avais trafiquée… Un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres. Ma vengeance était au creux de ma main…

____

Le soir venu, le commis que Sillae avait envoyé m’avait rejoint en cuisine et il m’aida à préparer le repas pour le clan elfe. En espérant qu’ils apprécient, évidemment… J’avais gardé la bouteille dans une armoire, en prévision d’une soif passagère de cet ivrogne de noble.

Et quelque chose me dit que ça n’allait pas tarder.
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Leevo

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MessageSujet: Re: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyMar 4 Sep 2012 - 17:35

L'emprise du sortilège de démence du mage sembla cesser sitôt que Leevo le menaça, puisqu'en ouvrant la porte, c'est un séraphin a priori de nouveau calme qui apparut.
Le message semblait être passé : il ne le laisserait pas se jouer d'Aoi impunément sans que ça se finisse avec un corps aux cheveux bleus planté au milieu de son coutelas.

Mais la situation restait bizarre ; le séraphin courrait toujours après son mage-maître sans que Leevo ne puisse rien faire d'autre que le regarder s'en aller le rejoindre.

C'était comme ça avec la magie, de toute façon ; plus on tentait de l'arrêter, plus elle s'accrochait, alors l'elfe n'avait eu d'autre choix que le regarder partir, courir après la manipulation occulte à laquelle cet imbécile aux cheveux bleus l'avait habitué depuis quinze ans déjà.
Il ne pourrait pas l'arrêter en l'empêchant simplement de le rejoindre.
Il ne pourrait pas l'arrêter en un jour.

C'était comme ça avec la magie ; il fallait prendre le temps de la laisser se consumer toute seule.
Qui sait de quoi aurait été capable Aoi s'il avait cherché à le retenir ?
Déjà qu'il s'était mis à détruire des vases prisés et à hurler dans une langue inconnue parce qu'il avait eu ce qu'il voulait...

***

Les jours suivants, Leevo entreprit de s'assurer qu'Aoi avait bien retrouvé tous ses esprits ; il lui posait des questions qu'il croyait être toutes biens choisies afin de le savoir et, au fil des jours, Aoi retrouva son sourire et sa gentillesse habituelle.
Les séquelles du sort s'étaient complètement consumées.

Évidemment, il n'y avait plus entre-eux une seule attitude qui laissait entendre qu'ils avaient pu se rapprocher quelques semaines avant, ni non plus aucun nouvel essaie ayant pour but de rattraper leur relation là où ils l'avaient laissé il y a quatre ans : plus aucun des deux n'avaient visiblement en tête de retrouver les joies du passé.
Elles étaient passées.

Et Leevo restait convaincu qu'Aoi s'était rapproché de lui pour l'argent ; il n'en démordait pas, même s'il était à présent sûr que la magie du mage avait joué un rôle important dans son pétage de plomb – c'était impossible autrement, il n'avait jamais vu Aoi comme ça, même après tous les affronts qu'il avait vécu.
Il y avait forcément un lien entre l'argent et la magie, et c'était ce lien qui avait poussé le séraphin à devenir aussi fou...
D'ailleurs, Ervin ne lui avait-il pas déjà parlé de la magie qui poussait les prix des composants à s'envoler ? N'était-il pas énervé à cause de ça ?
Si, bien évidemment que si.
Cette magie de l'argent... Elle était coupable de bien des déchaînements.
Elle était forcément coupable de ceux d'Aoi et l'elfe fut heureux de constater qu'il s'en remettait assez vite.
Parfois on ne s'en remettait jamais et, si ça continuait, on finissait habillé d'une toile à vivre dans les poubelles, à cracher sur les gens et à hurler toute la nuit.
Son maître le lui avait dit.

Mais Aoi allait mieux et c'était tant mieux : le clan d'elfe de la maman elfe de Leevo avait répondu à l'invitation de Dame Sillae et s'apprêtait à venir chez-lui, ce soir-là.
Le séraphin pouvait entièrement plonger sa tête dans l'organisation du repas, chose qu'il semblait particulièrement apprécier.
Particulièrement plus que d'ordinaire.

***

Tout était en place.
Tout était parfait à en juger par l'air honteusement fier qu'affichaient le commis et Aoi, lesquels s'étaient attelés à la tâche sans vergogne et avaient redonné au manoir, et plus particulièrement au salon, ses airs de lieu de festivité d'antan.
Leevo en était resté idiot, du moins juste le temps de refaire quelques réglages mentaux et de s'assurer qu'il n'était pas sous l'emprise d'un sort qui l'aurait fait retourner dans son passé d'esclave et de monstre de foire.
Ce soir, il ne subirait pas de torture en public pour amuser et étonner la galerie des proches amis de son maître, non.
Ce soir, il allait retrouver sa maman elfe.

Dame Sillae était d'ailleurs déjà arrivée et s'était déjà, aussi, empressée de vérifier que tout était en place, parfaitement parfaitement préparé, qu'il y ait assez de chaise pour tout le monde, qu'il y ait assez de vin pour tout le monde ET Leevo, qu'il y ait assez de petit four pour tout le monde, qu'il y ait assez de ces petites saucisses piquées sur un bout de bois pour elle...
Elle avait inéluctablement tout vérifié et tout goûté.
Elle s'était imposée dans le manoir comme une hôte en sa propre maison, chose qu'elle se sentait être partout où elle se rendait.

Elle avait en outre pris le temps de conseiller Leevo sur la façon d’accueillir des invités qui avaient fait un long trajet pour venir l'honorer de leur présence et avait également cherché à lui dire qu'il était fort probable que sa maman elfe n'y soit pas, et qu'alors il ne devrait pas se mettre à faire tout ces trucs bizarres qu'il faisait lorsqu'il était en colère.
Et surtout, surtout, elle lui dit qu'il ne devrait pas lui en vouloir à elle.

Mais Leevo ne l'écouta pas ; il avait gardé ses yeux plantés sur la grande plume blanche qui ornait son chapeau et qui lui rappelait bizarrement l'une des plumes d'Aoi.

N'importe comment, tout promettait de bien se passer, pourvu que quelques esprits pernicieux et en quête de vengeance n'aient dans l'idée d'empoisonner quelqu'un ce soir, et, sitôt que la cloche de l'entrée se mit à sonner, l'elfe se jeta dans la cuisine, pris par une nervosité qu'il connaissait mal, et observa le manège qui se joua dans le vestibule pour accueillir les arrivants.

A la vue de la première elfe qui pénétra dans le salon pour s'en émerveiller, le visage de Leevo s'enlumina de toute part : elle avait la même couleur de pelage, le même nombre de pattes, la même hauteur d'oreille et la même absence de moustache.
Autrement dit : elle était tout comme lui : blonde, deux bras, deux jambes, fine, petite, portait des habits qui laissaient voir les trois quart de son corps, avait de longues oreilles et pas de moustache – élément essentiel.
C'était une elfe tout ce qu'il y avait de plus banal dans l'histoire des elfes, mais Leevo n'en savait rien et, prit par l'enthousiasme et l'impatience, il crut de suite qu'il s'agissait de sa tant attendue maman elfe.

Il se tourna de suite, alors, sans faire attention à tous les autres invités qui s'étalaient déjà partout, et prit la première bouteille de vin qui lui tombait sous la main ; il allait l'offrir à sa maman elfe histoire d'engager la conversation – ça faisait partie des bons conseils avisés de Dame Sillae : apporter de quoi se rafraîchir à la personne qu'on aborde avant de l'aborder et surtout... surtout, avant de l'agresser avec des histoires de maternité.

C'est alors qu'Aoi réapparut dans la cuisine pour le conseiller à son tour, pour lui donner une meilleure bouteille de vin qu'il sortit des tréfonds d'un placard, le tout sublimé par un sourire parfait.
Un sourire aimable.
Un sourire encourageant.

Leevo le lui rendit bien, ravi de constater que le séraphin l'aidait dans son entreprise.
Il le remercia d'ailleurs de tous ses efforts et surtout, surtout, de sa gentillesse et de son soutient, malgré tout et peu importe ce qui avait bien pu se passer avant.

Il prit donc la précieuse bouteille avec grand soin, se sentant curieusement enjoué, et puis se dirigea vers celle qu'il croyait être sa maman elfe, sans se rendre compte que tous les elfes ici se ressemblaient indiscutablement.
Il s'approcha d'elle avec une démarche à peine incertaine et se présenta à elle en lui tendant la bouteille chaleureusement, avant de lui offrir le sourire magnifique qui saillait en une telle occasion.
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Aoi Haandar

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MessageSujet: Re: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyMer 5 Sep 2012 - 10:16

Je jubilais. Oh oui que je jubilais. Il lui suffisait de l’ouvrir et de la vider en quelques minutes, comme à son habitude. C’est ce qu’il faisait toujours alors pourquoi serait-ce différent aujourd’hui ? Hein ?
Peut-être parce que les forces du destin sont contre moi ?

Ne vous moquez pas !

J’avais attendu à l’entrée de la cuisine, prétextant préparer d’autres petits fours, pour l’observer. Il n’y a rien d’amusant à empoisonner quelqu’un si vous ne pouvez même pas le voir boire sa première gorgée. Seulement voilà, cet abruti d’elfe décida, contre toute logique et contre toute attente, d’offrir la bouteille au premier elfe venu. Pourquoi celle-là ? Pourquoi pas une autre ? J’en sais rien, de toute manière elles se ressemblent toutes ! Pourquoi est-ce qu’il fallait qu’il contredise ses habitudes AUJOURD’HUI ?!

Et cet IDIOT d’elfe alla présenter la bouteille à plusieurs personnes avant de regarder l’assemblée d’elfes, hébété, sa bouteille dans les mains. Au vu de ses oreilles abaissées, quelque chose clochait dans ses plans. Et dans les miens aussi. Il ne fallait absolument pas que cette bouteille soit ouverte ! Surtout pas ! Il fallait que je la lui reprenne…

Il posa la bouteille sur la table. C’était ma chance. Terminant la mise en place des hors d’œuvres et diverses sauces sur mon plateau j’allais chercher de quoi satisfaire dame Sillae en mettant de petites saucisses dans un ravier que je disposais également sur le plateau. J’arrivais alors en salle, en proposant aimablement quelques mets raffinés pour une mise en bouche avant de passer à table. Je me dirigeais alors subtilement vers la table du salon sur laquelle reposait la bouteille meurtrière… qui me sembla bien légère.

Comme si elle était… vide.

Je blêmis. Qui avait ouvert cette bouteille ?! QUI ?! Je tournais mon regard vers les elfes. Ils étaient tous en train de boire du vin, ainsi que Leevo et Dame Sillae. Oh non, non, non… Pourquoi ce genre de choses n’arrive que lorsqu’on n’en a pas besoin ?! Déposant prestement le plateau sur la table du salon à la disposition de tout le monde, je filais à toute allure au cellier pour trouver une autre bouteille de vin. Je devais leur administrer l’antidote de suite ! Ainsi, le poison sera totalement neutralisé… Je suis dans la panade la plus totale !

Finalement je trouvais une autre bouteille d’un grand cru. Bien.. Bien, suffisait alors de faire boire tout le monde à cette bouteille et d’y mettre l’antidote. Discrètement et à pas de loups, je me dirigeais vers ma chambre et m’emparait de la petite fiole argentée. Pas le temps de faire dans la manière et la politesse, j’arrachais le bouchon avec les dents avant d’y verser la poudre et de mélanger avec une baguette. Et merde, merde… MERDE ! Remettant mes cheveux en place, je retournais alors en salle, naturel, avant de proposer un nouveau verre de vin à tout le monde. Il me fallut une bonne demi-heure pour m’assurer que tout le monde avait fini son verre.

Et Leevo en bu aussi. Il m’avait tendu son verre pour que je le serve, ça aurait été trop étrange que de refuser ça au maître de maison, devant Dame Sillae –qui n’est pas si idiote que ça- et tout un clan d’elfe. Surtout si il meurt une semaine après.

Mon si parfait poison… gâché en une soirée…

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Leevo

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MessageSujet: Re: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyMer 5 Sep 2012 - 15:36

- Euh... non, je n'ai qu'un fils, et c'est lui là-bas.

Elles étaient toutes blondes.
Elles avaient toutes deux bras et deux jambes.
Elles étaient toutes fines et petites.
Elles portaient toutes des tenues qui laissaient voir les trois quarts de leurs corps.
Elles avaient toutes de longues oreilles pointues.
Et aucune n'avait de moustaches.

Elles étaient toutes pareilles, toutes exactement pareilles, exactement pareilles que lui.
Mais aucune n'était sa maman elfe.

Encore une fois, le sourire de Leevo s'effaça et il laissa la copie numéro six de la première elfe à ses dégustations pour aller s'appuyer à la table.
Il déposa la bouteille de vin qui lui servait de technique d'approche sur le buffet et croisa les bras pour fustiger des yeux l'ensemble de ses invités.

Ils étaient tous blonds, ils avaient tous deux bras et deux jambes, ils étaient tous fins et petits, ils portaient tous des tenues qui laissaient voir les trois quarts de leurs corps, ils avaient tous des oreilles pointues et aucun n'avait de moustaches.
Ils étaient tous parfaitement identiques, à quelques détails près ; à croire que tous les elfes étaient forcément blonds, avaient forcément deux bras, deux jambes, des tenues ouvertes de partout, de longues oreilles et tout le toutim...
Mais lorsque Leevo s'en rendit compte, il était déjà trop tard : il avait déjà abordé toutes les dames et celles-ci lui avaient toutes répondu qu'elles n'étaient pas sa mère, ou qu'elles n'avaient jamais eu de fils, ou qu'elles en avaient déjà un, ou deux, ou qu'elles n'avaient pas soif, ou déjà à boire, ou qu'elles n'avaient pas de verre...
Et elles se rassemblaient déjà dans un coin pour le regarder d'un air bizarre ; certaines étaient allées discrètement échanger quelques messes basses avec leurs compagnons masculins.
Et aucune n'était sa maman elfe !
C'était bien la peine d'organiser un tel bordel, une telle orgie de nourritures dégueulasses et de gâcher tant de vin en l'honneur de tout ces abrutis pour, finalement, quoi ? ne par rencontrer sa mère et se faire regarder de travers par des prétentieux habillés de feuilles et de branches d'arbres.

Il était temps de tout arrêter.
Ça ne servait à rien de poursuivre si c'était pour les regarder lapider sa collection de bouteilles et s'empiffrer comme des animaux.
Il avisa alors Dame Sillae dans un coin, en train de tâter les muscles d'un elfe, visiblement très satisfaite de se retrouver au milieu de tout ces blonds sans âge, et se dirigea vers elle pour l'attirer à l'écart, non sans une certaine brutalité énervée.
Il laissa derrière lui la bouteille de vin encore fermée.
Mais, très vite, tandis qu'Aoi servait ses petits fours, d'autres mains surplombées de manchettes blanches s'empressèrent de la prendre.
Et de l'ouvrir.


***

- Dites-leur de partir.

La Dame s'étala contre le mur, surprise.
On pouvait voir ses joues rosies par le vin en dessous de ses multiples couches de poudre.
Elle eut un sourire coquin.


- Oh oh ! Shellhorn... Je ne vous attendais plus... Je n'espérais plus... Mais j'imagine que me voir en compagnie d'autres elfes vous a ouvert les yeux sur vos dé-...

- Il n'y a pas ma maman elfe. Elles sont toutes pareilles, mais aucune n'est ma maman elfe ! Ça ne sert à rien. Dites-leur de partir !

-... mais vous savez ça ne me dérange pas de le faire en pleine réception... je trouve ça bien plus excitant, même... nous pouvons allez dans une chambre et puis... Quoi ?

- Aucune n'est ma maman elfe !

Sillae cligna des yeux plusieurs fois et planta ses globes pleins de mascara dans la salle comblée.

- Eh bien, oui, j'en étais sûre.

- Quoi ? Vous le saviez ?

- Euh... elle rougit encore plus, mais pas à cause de l'alcool cette fois. D'ailleurs, celui-ci n'eut soudainement plus aucune emprise sur elle. Non, non, bien sûr que non, mais maintenant, c'est sûr qu'elle n'y est pas, n'est-ce pas ?

Leevo la regarda en fronçant les sourcils.
La Dame parvint à tenir son regard grâce à elle-ne-savait-trop quelle force d'esprit soudaine ; elle eut peur qu'il découvre toute la supercherie...

- Mais il ne faut pas m'en vouloir, d'accord ? Je n'y suis pour rien, moi, dans la disparition de vôtre mère. D'ailleurs, je ne la connais même pas. Et je vous avais prévenu, n'est-ce pas ? Je vous avais dit, et je vous avais dit, aussi, de ne pas vous énerver contre moi si elle n'y était pas.

L'elfe ne la quittait pas des yeux.
Derrière lui, l'ambiance continuait sur sa lancée festive ; le clan d'elfe continuait de se gaver de toute les sortes de petits fours imaginés par Aoi et le commis qui, de leurs côtés, s'agitaient dans tous les sens pour assurer le service.
Surtout Aoi, en fait ; le commis avait disparu des environs.


- Je veux qu'ils partent, dit-il après un moment, plus calme. Plus catégorique, aussi.

- Mais... vous pourriez au moins apprendre avec eux, non ? Vous pourriez profiter de leur présence et leur demander... hm... comment ils vivent, là-bas, dans leurs cahutes. C'est bien ce que vous vouliez, non ? Savoir comme sont les elfes.

- Je le sais, maintenant. Ils sont prétentieux, hautains et passent leur temps à manger et à boire. Rien à voir avec moi. Et en plus, ce ne sont pas ma mère.

- Oh, ça, c'est sûr, vôtre mère était bien plus docile et bien moins... fière qu'eux, ha ! ha ! Elle porta sa main à sa bouche en écarquillant les yeux. Euh... Je veux dire, sûrement ! Sûrement qu'elle n'était pas comme eux ! Ce ne sont que des sauvageons avec un semblant d'honneur... Si elle avait été comme eux... si... Oh ! Voilà Aoi ! Et si vous buviez un peu de vin, histoire de vous calmer et d'oublier tout ça, hein ?

Leevo recula de quelques pas sans quitter la Dame des yeux.
Il ne comprenait rien à ce qu'elle racontait.
Elle avait visiblement trop bu.

Il tendit son verre à Aoi qui passait par-là et qui le servit obligeamment.
Il se surpassait visiblement dans son travail ; son front brillait de sueur et il avait l'air en nage, pressé par les besoins de tous ces porcs aux oreilles longues qui se fichaient bien de savoir que le Dieu des Songes les regardait commettre des péchés à foison dans Sa maison.

L'elfe vida son verre d'une traite avant de le pointer sur Dame Sillae.


- Je veux quand même qu'ils partent.

La Dame transpirait aussi.

- Bien... Bien... malheureusement ce n'est pas très poli ni même décent de demander à ses convives de partir en plein milieu d'un banquet... Surtout que vous leur avez dit qu'ils étaient ici chez eux.

- Je n'ai jamais dit ça. C'est vous.

- Ah ? Elle but dans son verre histoire de faire descendre la boule d'angoisse qui lui asséchait la gorge. Eh bien, peu importe qui l'a dit, de toute façon. Ce ne sont que des formulations dans le protocole et il faut les respecter...

- Je m'en fiche. Je ne veux plus les voir. Jamais. Je ne veux plus voir un seul elfe dans cette maison.

La Dame dégaina son éventail et commença à l'agiter.
Quelques petites lueurs s'allumèrent dans ses yeux.


- Même pas... vôtre mère ?

- Elle n'avait qu'à venir ce soir. Il la pointa encore du verre. Je n'ai pas eu de maman. Je n'ai eu que des chats. Ils étaient-là, eux. Ils m'ont appris des choses.

La Dame s’affaissa sur place.
Voilà qu'il recommençait avec ses histoires de chats... Ervin avait visiblement raté quelques chapitres dans son éducation.


- … Mais c'est absurde de croire qu'ils vous ont appris des choses, vous n'êtes pas un ch-...

- Visiblement, je ne suis pas un elfe non plus, dit-il sèchement en posant son verre vide sur la bibliothèque à côté de lui.
Il commença à partir.


- Vous n'avez qu'à continuer à vous amuser à faire du protocole avec ces êtres. Toute la nuit si ça vous chante : je vous laisse le manoir. C'était une très mauvaise idée de les inviter et de rechercher cette  maman elfe inexistante. Encore une expérience de la vie « normale » qui ne me convient pas. On ne m'y reprendra plus.

Les oreilles basses, il emprunta les escaliers qui menaient à l'étage et disparut derrière un mur.
En bas, Dame Sillae agitait toujours son éventail devant sa bouche.
Elle reporta ses yeux sur la foule joyeuse devant elle ; tous les elfes semblaient conquis par les efforts de la maison.
Son visage prit un air affreusement satisfait avant qu'elle n'aille se jeter de nouveau dans les bras d'une de ces jeunes créatures des bois.
Leevo ne retrouverait pas sa mère ce soir ? Il n'allait plus la chercher ? Il était désabusé ? Qu'importe !
De toute façon, il ne l'aurait jamais retrouvé, même en priant son Dieu débile et en lui sacrifiant des intestins par millier.
C'était impossible qu'il la retrouve.
Elle le savait parfaitement.
Mais ça ne l'empêchait pas, elle, de trouver une âme avec qui partager quelques nuits...

Parfaitement heureuse, elle s'élança de nouveau dans la tohu-bohu du salon, son verre en avant et demanda à ce qu'on lui donne plus de vin.
Elle s'accrocha à l'elfe qu'elle avait quitté quelques minutes plus tôt et se mit à lui faire de ce charme lourd et pesant qu'elle faisait à toutes ses proies.
Et puis elle se rendit compte que son verre était toujours vide et elle parla plus fort :


- COMMIS ? OU EST MON COMMIS ? JE VEUX DU VIN ! DE SUITE !

Le commis était étalé sous la table.
Il avait du vin partout sur sa chemise blanche.
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Aoi Haandar

l'Alouette aux ailes brisées

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Aoi Haandar
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Race : Séraphin aux ailes coupées
Classe : Guérisseur
Métier : Esclave fugitif, chanteur de rue
Croyances : Divinités de la Pluie et de l'Air
Groupe : Solitaire

Âge : 26 ans physiquement (une cinquantaine d'année en vérité)

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[CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} _
MessageSujet: Re: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyMer 5 Sep 2012 - 19:44

Je fronçais les sourcils, me cachant derrière la porte une fois avoir servit Leevo. Il parlait avec Dame Sillae et cela semblait assez… intime, comme conversation. Ils discutaient de la maman et de la famille de Leevo. Et le ton qu’empruntait la dame était plus que fausset. Comme si elle avait quelque chose à se reprocher. Elle était mouillée dans cette affaire, je le sentais. Elle savait qui était la mère de l’elfe et également où elle était à l’heure actuelle, pour moi il n’y avait aucun doute.
Peut-être… peut-être que je la ferais parler, un de ces jours. Cela pourrait être plus qu’instructif. Cette dinde enveloppée se disait son amie, elle se disait être là pour lui. Je lui avais même offert mes plumes en gage de sa gratitude ! Et elle se foutait de lui… et de moi, par la même occasion !
Et si elle cachait ces informations aux yeux de Leevo, c’est qu’elle baignait dans des affaires louches. Des affaires peut-être même particulièrement mauvaises. Le genre d’informations qui mettrait Leevo hors de lui, peut-être. En tout les cas, je n’avais pas à me mêler de cela.

Je retournais en cuisine pour sortir d’autre petits fours afin de sustenter l’appétit vorace des invités. Je jetais à nouveau un coup d’œil à la bouteille vide posée sur le plan de travail. Peut-être… peut-être que mon destin n’était pas de tuer cet elfe. Jamais, jamais je n’avais raté mon coup, au grand damne de ceux qui m’avaient trahi.
Mais j’avais raté mon coup cette fois-ci. J’aurais pu y arriver, certainement. Mais allez savoir pourquoi, ce n’est pas arrivé. Et allez savoir pourquoi, par la plus grande des coïncidences, Leevo m’avait demandé de remplir son verre avec le vin de l’antidote. Tout ça ne pouvait pas être une coïncidence. C’était comme ça que ça devait se passer.

Leevo ne devait pas mourir de ma main.
Je devais trouver le moyen de le pardonner de son affront.

Je soupirais, soudain lassé de toute cette histoire. Plus j’avançais et plus j’avais l’impression que notre relation empirait. Pourquoi est-ce qu’il s’acharnait-il à ne rien comprendre et à tout faire de travers ? Pourquoi est-ce que je n’arrivais plus à capter son attention comme autrefois ? La seule qui ait changé chez moi c’est mes ailes ! Mes ailes et… … Kaai’to. Leevo n’acceptait peut-être pas que j’aie plusieurs amants ? Peut-être voulait-il que je m’en débarrasse ? Il.. il n’a pas la même manière de penser que moi. Il n’a pas la même façon d’agir non plus. Peut-être que ça le gêne, ce genre de choses.

Mais alors pourquoi s’est-il senti obligé de me payer après qu’on ait fait ça ?! C’était tout ce qu’il avait retenu de moi ? Que j’ai anciennement été obligé de me prostituer ? Je ne suis pas fier de ce que j’étais, et je veux tourner cette page de ma vie ! Gunar est en prison, je suis libre, j’ai un travail honnête, une roulotte rien qu’à moi… Alors pourquoi faut-il qu’il ramène continuellement mon ancienne vie sur le tapis ?!

Pourquoi est-ce que, quoi que je fasse, monsieur n’est jamais content ?!

J’étais… fatigué. Une lourdeur s’était installée sur mes épaules et je n’arrivais pas à m’en défaire. Kaai’to n’appréciait pas Leevo, Leevo n’apprécie pas Kaai’to… qu’est-ce que je suis censé faire ? Choisir ? Je n’ai jamais réussi à choisir ! Je ne veux pas me retrouver seul à nouveau si jamais l’un des deux se décide à partir –parce qu’ils finissent tous par partir !- et m’abandonne.

Je soupirais une nouvelle fois, avant d’aller porter les petits fours au salon. Je les présentais un peu à tout le monde avant de me mettre à la recherche du commis. Qu’est-ce qu’il fichait celui-là, il a disparu subitement de la surface de la terre ou quoi ? Et j’avais beau l’appeler à voix basse, rien n’y faisait, je ne le trouvais pas. Enfin, pas jusqu’à ce que je remarque une forme inerte sous une des tables. Je soupirais avant de m’accroupir à côté de lui et de le secouer.

- C’est pas l’heure de faire la sieste, on a du travail ! Tu es un bien piètre commis dis moi ! … tu m’écoutes ?

Je le secouais plus hardiment avant de le retourner pour qu’il me regarde. Je n’aurais pas dû. Un liquide rouge sombre tachait sa chemise d’un blanc immaculé, comme si il avait recraché quelque chose ; et vu l’odeur ce n’était pas n’importe quel liquide, mais du sang. Il a … bu dans la bouteille ? Mais ça n’aurait pas dû aller aussi vite que ça ! … Ou alors il en a bu la moitié à lui tout seul, ça, c’est une possibilité, vu comment il sifflait le vin de cuisine…

Pour être certain de moi, je pris son pouls ; il n’en avait plus. J’étais dans la panade… Sillae, un peu éméchée, vint voir ce qu’il se passait. Je me crispais quelque peu. Qu’est-ce que j’allais dire moi ?! Bon, pas de panique… Sortons la carte « la bouteille était déjà empoisonnée » !

- Je.. il semblerait que… qu’il soit.. Mort… ?


- Comment ça ?!


- Bien…il semblerait qu’il ait décidé de se servir dans la cave de Monsieur Shellhorn et que, par manque de chance, il soit tombé sur un grand cru… mortel. Cette bouteille était dans la réserve des bouteilles offertes par les amis du défunt maître de Monsieur…


- Et bien… mieux valait lui que nous, hihihi ! – Ne vous en faites pas mon mignon, je vais le ramener chez moi… on verra ce qu’on en fera demain ; hmmm ?


Ouf… trop saoul que pour avoir des doutes. Et une épine du pied en moins, une. Manquait plus qu’à réussir à faire sortir tout le monde d’ici maintenant.
Ce qui n’arriva pas avant… quatre heures du matin. Exténués, les elfes avaient décidé de rentrer chez eux. Enfin, ce fut surtout quand Dame Sillae se réveilla après avoir un peu trop bu et entama une danse endiablé, embrassant tous les jeunes elfes présents qui avaient un minimum de muscles : tous les garçons donc.

Les invités partis et le cadavre évacué, je pus alors ranger le salon afin qu’il soit totalement remis en ordre. Finalement le poison avait tué quelqu’un ce soir. Une pauvre victime innocente et totalement étrangère à notre conflit. Ma haine et mon aversion pour la moquerie et la trahison avait coûté la vie à quelqu’un… je me sentais alors étrangement sale. Je n’éprouvais pas la jubilation et le bonheur habituel qui se faisait sentir au moment où je faisais payer sa fourberie. Je me sentais plutôt… idiot. Adieux la délectable impression de grandeur, bonjour la culpabilité qui vous ronge jusqu’aux os.

Je me sentis alors d’avantage lassé de tout ça.

Je montais doucement les escaliers pour rejoindre Leevo. Ses oreilles habituellement dressées de chaque côté de sa tête étaient si basses qu’elles auraient pu toucher ses épaules. Il était triste et déçu. Je soupirais et me grattais l’arrière de la tête, hésitant à aller lui parler. Peut-être que le fait de ne pouvoir retrouver sa famille après toute la dévotion qu’il a passé à la chercher était une assez grande déception pour lui.

Nous étions tous deux tristes et déçus. C’était assez comme ça.

Je déposais une longue couverture sur ses épaules, lui expliquant que les nuits seraient fraîches à partir de maintenant et qu’il ferait mieux de se couvrir. Puis, lui souhaitant bonne nuit, je sortis pour rentrer à ma roulotte histoire de parler de tout cela à Kaai’to.

Mais au lieu de réconfort, je n’y trouvais qu’un nouvel ennui. Il m’avait attendu, sourire au lèvre, pour savoir si j’avais réussi à lui faire boire de la boisson mortelle. Je lui avais alors expliqué que j’avais raté mon coup et que je ne réessaierais donc pas ma tentative de meurtre. Il ne l’a pas très bien pris et m’a demandé pourquoi est-ce que j’étais aussi laxiste avec cet elfe après ce qu’il m’avait fait endurer. Que je passais mon temps à m’en plaindre mais que je ne faisais jamais rien pour lui faire réellement payer, comme j’avais l’habitude de le faire avec les autres. Que dès que je rentrais, c’était « Leevo, Leevo, Leevo » et que j’en oubliais de lui demander comment il allait lui.

Puis il me posa un ultimatum. Il me demanda de lui dire ce que je ressentais vraiment pour lui, qu’il en avait assez de m’attendre alors que je ne me décidais pas. Il voulait entendre LES mots. Maintenant. Mais… je n’arrivais pas à les lui dire. Je n’arrivais plus à le dire à personne, en réalité. Cela engageait beaucoup trop de souffrance. Il ferma alors sa porte, m’indiquant qu’il ne voulait plus avoir affaire à moi pour le moment. Je bafouillais simplement que je comprenais.

Parce que oui, j’avais compris : c’est en ne choisissant pas que j’allais le perdre. Non. Les perde, tous les deux.

Je balbutiais quelques excuses avant de sortir errer dans le froid. Je n’avais pas envie de rentrer à ma roulotte et je n’avais pas non plus envie de retourner au manoir. J’avais... envie de marcher. Marcher pour ne penser à rien, en sachant pourtant très bien que ces problèmes me reviendront inlassablement en tête, quoi que je fasse.

Leevo me voyait comme un profiteur et une catin.
Kaai’to me voyait comme un idiot manipulable incapable de faire des choix.
Tout allait pour le mieux du monde… mais pas pour moi.

Ce ne fut qu'au bout d'un moment de réflexion que je me décidais enfin à rentrer au manoir.
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Leevo

Invité

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[CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} _
MessageSujet: Re: [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi}   [CLOS] Le prix de l'affront {Aoi} EmptyJeu 6 Sep 2012 - 15:58

La réception avait très bien continué sans le maître de maison, preuve qu'il ne servait à rien et qu'il n'y avait pas sa place.

Leevo était resté cloîtré au premier étage, assis par terre à fixer le mur d'en face, les mains sur ses oreilles histoire d'insonoriser un peu son esprit.
Ça n'avait évidemment pas marché ; n'importe comment, il entendait tout, non seulement parce que le bruit qui se faisait en bas atteignait des décibels presque aussi forts que ceux de la Madorass de jour, mais aussi parce qu'il était doté d'une ouïe parfaite.
Une ouïe parfaite d'elfe...

… que ses frères chats lui avaient instinctivement appris à utiliser.
C'était eux qui lui avaient appris à écouter, à entendre ; il les avait vu dresser les oreilles, lever la tête et ouïr les sons les plus faibles, ou fuir les bruits les plus forts.
Ils lui avaient également appris par cette méthode à faire part au monde de quelques-uns de ses ressentis : que ça soit la joie, la neutralité aux oreilles droites ou la colère, la tristesse aux oreilles baissées... il savait le montrer, il n'avait pas besoin d'avoir vu et de copier les expressions humaines pour le faire ; il n'avait pas non plus besoin de mettre des mots humains sur ce qu'il ressentait pour le montrer.
Et c'est notamment parce qu'il savait faire part au monde de ce qu'il ressentait grâce à ses oreilles que son visage n'exprimait généralement rien : le visage des chats n'exprimait généralement rien.

Mais lui était un elfe.
Il le savait ; il s'en souvenait, c'était écrit quelque part dans une de ses cicatrices sans magie, c'était marqué à vie par les coups de son maître qui lui avait donné tant de mal pour qu'il le comprenne.
Maintenant il le savait : il était un elfe.
Mais les elfes n'exprimaient certainement pas leur peine, leur déception ou bien leur incompréhension en baissant les oreilles...
… et lui le faisait.
Alors il n'était pas un elfe, ou du moins, pas totalement, ou juste physiquement.
Il n'avait pas grandi dans les bois avec d'autres de ces créatures blondes, il n'avait pas appris à être fier de son espèce ni à avoir un semblant d'honneur palpable, il n'avait pas appris à regarder les autres êtres de haut malgré sa petite taille, il n'avait pas appris à décortiquer un petit four pour voir ce qu'il y avait dedans, il n'avait pas appris à tenir son verre de cette façon maniérée et concupiscente.
Il avait appris à s'allonger sur un autel et à apprécier la douleur, il avait appris à œuvrer contre les infidèles, il avait appris à se faire et faire du mal – du « bien » –, il avait appris où le corps des Hommes était le plus faible et où Dieu se tenait quand il s'ouvrait la chair.

Rien de ce qu'il avait appris ne faisait de lui un elfe et pourtant on lui avait dit qu'il en était un.
Il n'avait jamais eu besoin de maman elfe pour apprendre qu'il en était un.

Et, pourtant, il était toujours là, assis par terre, les mains sur ses oreilles basses, expression d'un flot de ressentis sans mot humain à mettre dessus.

Jusqu'à preuve du contraire, il n'avait jamais eu besoin de celle qui l'avait mis au monde pour y vivre et il n'avait certainement pas plus besoin d'elle aujourd'hui ; pourtant il avait cru bon de se mettre à la chercher, il avait cru que c'était un comportement « normal », sans doute même un comportement d'elfe.
Mais on ne lui avait pas appris à être « normal » ni même à être vraiment un elfe, il se débrouillait comme il pouvait pour garder sa tête bien accrochée à son cou et, jusqu'à preuve du contraire, ça marchait bien, qu'il soit elfe ou pas, qu'il soit chat ou pas, qu'il soit esclave anoblie ou pas, être sacrifié à la magie ou pas...
Alors il n'avait pas plus besoin d'apprendre à être un elfe maintenant qu'il n'avait eu besoin de l'apprendre avant pour vivre ; il n'avait pas plus besoin d'une maman introuvable et inexistante maintenant qu'il n'en avait eu besoin avant ; de toute évidence, peu importait le nom de ce qu'il était, le fait est qu'il était.
Il était peut-être un elfe sans vraiment en être un.
Il était peut-être un chat sans vraiment en être un.
Mais ça ne voulait pas dire qu'il était catégoriquement elfe ou inéluctablement chat pour autant : il était un entre-deux, quelque-chose qui existait, qui ressemblait à un elfe, qui avait parfois des attitudes de chat, parfois des attitudes d'Inquisiteur, parfois des attitudes de monstre...

Il réalisa ce soir-là, dans le bruit de la fête, que les êtres n'étaient pas forcément les mots qui les définissaient ; ils pouvaient être autre chose, plusieurs choses à la fois ou quelque-chose d'indéfini.

Lui n'était pas plus elfe qu'il n'était chat et Aoi n'était pas plus catin qu'il n'était un être avide d'argent.
Évidemment, le séraphin avait été les deux, que ça soit en acte, en parole, mais il ne l'était pas catégoriquement ni inéluctablement.
Il pouvait être catin, être avide d'argent, séraphin, jouet d'un mage, esclave, serviteur, quelqu'un de spécial, chanteur...
Il pouvait être plein de mots, plein de définitions, ça n'en faisait pas moins de lui Aoi, un être, quelqu'un qui l'avait aidé, qui lui avait appris...
… et qui continuait d'ailleurs à lui apprendre même lorsqu'il retrouvait des cadavres sous des tables, même lorsqu'il échouait merveilleusement dans sa tentative de meurtre.
Il était Aoi, celui qui l'avait soutenu ce soir et encouragé à retrouver sa mère, malgré tout.
Il était Aoi, celui qui avait été pris d'une crise de démence et qui était soumis à la magie par un être horrible.
Il était Aoi, celui qui avait des ailes et qui avait été son ami.
Rien de plus, rien de moins.

Et lorsqu'il s'en vint pour lui déposer une couverture sur les épaules et lui souhaiter une bonne nuit d'insomnie, comme à son habitude, et malgré tout, Leevo le remercia.
Il le remercia pour tout ce qu'il avait fait, faisait et ferait pour lui, malgré tout.
Il ne lui dit qu'un « Merci » presque inaudible qui laissait croire qu'il était destiné à cette attention particulière.
Mais, définitivement, les mots n'étaient pas catégoriques ni destinés à ne définir qu'une seule chose.
Ce « Merci » là ne définissait pas qu'une seule chose et c'est en intégrant bien tout ça que Leevo s'enroula dans la couverture, ses oreilles d'elfes baissées comme celles des chats, son visage d'elfe inexpressif comme celui des chats.
Il n'était ni l'un ni l'autre et il était encore moins capable, ni bien placé pour pouvoir définir ce qu'était Aoi : catin, serviteur, escroc, ami...
Il n'en savait rien et ne voulait pas le savoir ; le fait est que s'il était poussé à devenir quelque-chose de catégorique par ce mage, comme son maître l'avait poussé à devenir un elfe, eh bien il serait là pour l'aider à ne pas le devenir, tout comme Aoi l'avait aidé, lui, à ne pas devenir seulement un elfe, ou seulement un chat.

Qu'importe alors qu'il soit quelqu'un de spécial parmi mille autres personnes spéciales : l'important était qu'il soit.
Et que celui qui obligeait Aoi à être quelque-chose qu'il ne voulait pas... ne soit plus.

Voilà ce qu'il conclut en entendant la porte d'entrée se fermer, alors qu'Aoi était parti.
Il était certainement allé retrouver ce mage si particulier qui avait sur lui cette même emprise qu'Ervin avait eu sur son être.
Il savait maintenant qu'il n'était pas un elfe, malgré les coups qu'il s'était pris pour le devenir.
Il savait maintenant qu'Aoi n'était pas avide d'argent, malgré ce que le mage lui faisait subir pour qu'il le devienne ; après tout, s'il avait vraiment voulu plus d'argent au point de coucher pour l'avoir, il n'aurait eu qu'à plonger sa main dans un des vases de la cheminée et prendre la bourse qui lui allait de droit : il savait parfaitement où elle était, tout comme il savait que Leevo la lui donnerait entièrement dès lors qu'il en aurait eu marre de jouer au valet de service.

Il n'était pas coupable de ses propres mensonges ; il fallait qu'il le sauve de l'influence de ce mage qui le poussait à mentir et à désirer de l'argent malgré lui.
Il ne laisserait pas Aoi souffrir pour devenir quelque-chose qu'il n'était pas ; il ne le pouvait pas après tout ce que le séraphin avait fait pour lui, il ne pouvait pas le laisser avoir un air aussi triste à cause de ce mage après l'avoir vu si heureux avant.
Il ne le laisserait pas endurer ce que lui avait enduré ; il avait déjà ses ailes horribles dans le dos, c'était une torture suffisante pour son âme.

Leevo était déjà résolu à faire ce qui devait être fait lorsque, plus tard dans la nuit, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et lorsqu'il sortit de son cloître, sa couverture toujours sur les épaules, pour voir quelle espèce de malandrin avait osé rentrer chez lui.

Il était en haut des escaliers et avait une main sur le manche de son coutelas lorsqu'il vit que c'était le séraphin.
Ses oreilles d'elfe se redressèrent d'un coup, alors, pour exprimer sa surprise heureuse de constater que, cette nuit-là, même s'il n'avait pas trouvé sa mère, était finalement une victoire.
Une victoire sur le mage.

Il sourit discrètement à l'attention du séraphin, alors, avant de s'en retourner dans son coin, les oreilles hautes.
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